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charles et éva

Les ombres nocturnes commençaient à s’épaissir et à s’étendre au-dessus de leurs têtes, quand les Canadiens s’arrêtèrent.

Comme M. de Mantet voulait attaquer Albany la nuit suivante, avant que la nouvelle de son arrivée se fût répandue, il avait résolu de ne donner que quelques heures de repos à ses gens. Par là, il aurait pu passer de nuit à Schenectady, pour n’être point aperçu des habitants de cette dernière place.

Il y avait à peine une demi-heure que les Canadiens s’étaient arrêtés, quand l’Aigle-Noir, le chef des alliés hurons, se dirigea vers une hutte où M. de Mantet prenait quelques moments de repos.

Quand le gentilhomme vit le Huron, un certain air de malaise se peignit sur ses traits. Il pressentait qu’il allait résulter quelque chose de fâcheux de leur entretien. Car il avait remarqué, depuis quelques jours, beaucoup d’hésitation parmi les alliés, qui, à mesure qu’on avançait, perdaient peu à peu l’enthousiasme qu’ils avaient manifesté lors du départ.

— Mon frère blanc est fatigué ? dit l’Aigle-Noir à M. de Mantet.