— Sois le bienvenu, mon cher François, lui dit Louis en tendant sa main amaigrie à Bienville.
— Merci, mon bon. Et comment va cette précieuse santé que nous avons tant failli perdre ?
— De mieux en mieux, grâce au ciel.
— Ah ! mademoiselle, mille pardons ! je ne vous ai pas vu en entrant, dit François à Marie-Louise qui était assise à l’écart et se livrait à un travail d’aiguille.
— Oh ! ce n’est rien, monsieur, fit celle-ci qui rendit à Bienville un salut gracieux mais quelque peu contraint.
François remarquait, depuis deux jours, que sa fiancée n’était plus la même à son égard. Elle ne montrait pas à son arrivée le même empressement ni le même plaisir à le recevoir. Elle paraissait embarassée, triste et souffrante en la présence du jeune homme qui avait plus d’une fois cru voir, à la dérobée, rouler une larme dans les yeux de son amie. Il n’était pas jusqu’à Louis qui n’eût l’air gêné.
Aussi Bienville s’était-il bien promis d’en savoir le dernier mot ce jour-là même.
— Eh bien ! dit-il à Louis, nous voici donc encore une fois débarrassés des Anglais.
— Oui, pour cette année, du moins ; car je pense qu’il ne leur prendra pas fantaisie de revenir avant l’été prochain, l’hiver du Canada n’étant point propice aux expéditions militaires.
— Leur départ me remet quelque chose en mémoire, dit François à Marie-Louise. Avez-vous souvenance, mademoiselle, de cette bien douce conversation que nous avions entamée, lorsque l’apparition de l’Iroquois y vint mettre un terme ? C’était, je crois, le soir de mon arrivée de Montroyal.