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Page:Marmette - Heroisme et Trahison - 1880.djvu/207

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le désarme. Il veut monter sur un coffre, je lui casse les reins avec son casse-tête, et je le vois tomber à mes pieds. Je ne fus jamais plus surprise que de me voir enveloppée à l’instant par 4 sauvagesses. L’une me prend à la gorge, l’autre aux cheveux, après avoir arraché ma coiffe ; les deux autres me saisissent par le corps pour me jeter dans le feu. À ce moment un peintre me voyant aurait bien pu tirer le portrait d’une Magdeleine : décoiffée, mes cheveux épais et mal arrangés, mes habits tout déchirés, n’ayant rien sur moi qui ne fût par morceaux, je ne ressemblois pas mal à cette sainte, aux larmes près, qui ne coulèrent jamais de mes yeux. Je me regardois comme la victime de ces furieuses outrées de douleur de voir, l’une son mari, les autres leur parent, étendu sur la place sans mouvement et presque sans vie. Bientôt j’allois être jetée dans le feu, lorsque mon fils Tarrieu, âgé seulement de douze ans, animé comme un lion à la vue de son père qui étoit encore aux prises avec le sauvage et de sa mère prête à être dévorée par les flammes, il s’arme de ce qu’il rencontre, frappe avec tant de force et de courage sur la tête et sur les bras de ces sauvagesses qu’il les obligea à lâcher prise. Débarrassée d’entre leurs mains, je cours au secours de M. de la Perrade, passant sur le ventre de celui que je vois étendu par terre. Les quatre sauvagesses s’étoient déjà jetées sur M. de la Perrade pour lui arracher la hache qu’il tenoit et dont il vouloit casser la tête au malheureux qui venoit de le manquer. Prenant le sauvage par les cheveux, je lui dis : Tu es mort, je veux avoir ta vie. Le François dont j’ai parlé qui donnoit secours à M. de la Perrade, médit : Madame, ce sauvage demande la vie, je crois qu’il faut lui donner quartier. En même temps ces sauva-