Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/139

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Et te sentant en ta liberté franche,
Tu descouvris ma poictrine assez blanche,
Dont de mon sein les deux pommes pareilles
Veis à ton gré, et tes levres vermeilles
Baiserent lors les miennes à desir.
   Sans vilainie, en moy prins ton plaisir
Plus que ravy, voiant ta doulce amye
Entre tes bras doulcement endormye.
Là tes beaulx yeux ne se pouvoient saouler:
Et si disois (pour plus te consoler)
Semblables motz en gemissante alaine.
   O beau Pâris, je ne croy pas que Helaine,
Que tu ravis par Venus dedans Grece,
Eust de beaulté autant que ma Maistresse:
Si on le dit, certes ce sont abus.
   Disant ces motz, tu vis bien que Phebus
Du hasle noir rendoit ma couleur taincte,
Dont te levas, et couppas branche mainte,
Que tout au tour de moy tu vins estendre
Pour preserver ma face jeune, et tendre.
Helas Amy, tu ne sçavoys que faire
A me traicter, obeir, et complaire,
Comme celluy duquel j'avoys le cueur.
   Mais ce pendant, ô gentil Belliqueur,
Je dormois fort, et Fortune veilloit:
Pour nostre mal las elle travailloit.
Car quand je fuz de mon repos lassée,
En te cuidant donner une embrassée,
Pour mon las cueur grandement consoler,
En lieu de