Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/141

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Ce vilain tour si rudement te blesse,
Qu'oster te peult le tiltre de noblesse.
   O cueur remply de fallace, et fainctise,
O cueur plus dur, que n'est la roche bise,
O cueur plus faulx, qu'oncques nasquit de Mere!
   Mais responds moy à ma complaincte amere.
Me promis tu en ma chambre parée,
Quand te promis suivre jour, et serée,
De me laisser en ce boys en dormant?
Certes tu es le plus cruel amant
Qui oncques feut, d'ainsi m'avoir fraudée.
Ne suis je pas la seconde Mëdée?
Certes ouy: et à bonne raison
Dire te puis estre l'aultre Jason.
   Disant ces motz, d'ung animé courage,
Te voys querant, comme pleine de rage,
Parmy les boys, sans doubter nulz travaulx:
Et sur ce point rencontray noz chevaulx
Encor liez, paissans l'herbe nouvelle,
Dont ma douleur renforce, et renouvelle:
Car bien congneu, que de ta voulenté
D'avecques moy ne t'estoys absenté.
Si commençay, comme de douleur taincte,
Plus que devant faire telle complaincte.
   Or voy je bien (Amy) et bien appert,
Que maulgré toy en cestuy boys desert
Suis demourée. O fortune indecente,
Ce n'est pas or, ne de l'heure presente,
Que tu te prens à ceulx de haulte touche,
Et aux loiaulx. Quel rancune te touche?
Es tu d'envie entachée, et pollue,