Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/142

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Dont nostre amour n'a esté dissolue?
   O cher amy, ô cueur doulx, et begnin,
Que n'ay je prins d'Atropos le venin
Avecques toy? vouloys tu que ma vie
Fust encor plus cruellement ravie?
Je te prometz qu'oncques à creature
Il ne survint si piteuse adventure.
Et à tort t'ay nommé, et sans raison
Le desloyal, qui conquist la toison:
Pardonne moy, certes je m'en repens.
   O fiers Lyons, et venimeux Serpens,
Crapaulx enflez, et toutes aultres bestes
Courez vers moy, et soyez toutes prestes
De devorer ma jeune tendre chair,
Que mon amy n'a pas voulu toucher
Qu'avec honneur. Ainsi morne demeure
Par trop crier, et plus noir que meure,
Sentant mon cueur plus froid que glace, ou marbre:
Et de ce pas montay dessus ung arbre
A grand labeur. Lors la veue s'espart
En la forest: mais en chascune part
Je n'entendy que les voix treshydeuses,
Et hurlemens des bestes dangereuses.
   De tous, costez regardois, pour sçavoir
Si le tien corps pourroie apparcevoir,
Mais je ne vy que celluy boys saulvage,
La Mer profonde, et perilleux rivage,
Qui durement feit