qui vous doint heureuse vie transitoire, et en fin eternelle.
V
Epistre à la Damoyselle negligente
de venir veoir ses Amys
Ne pense pas, tresgente Damoyselle,
Ne pense pas, que l'amour, et vray zelle,
Que te portons, jamais finisse, et meure
Pour ta trop longue, et fascheuse demeure.
Fascheuse est elle, au moins en noz endroictz:
Mais ores quand quarante ans te tiendrois
Loing de nos yeux, si auroit on (pour veoir)
Records de toy, et dueil de ne te veoir:
Car le long temps, ne l'absence loingtaine
Vaincre ne peult l'amour vraye, et certaine.
Si t'advisons, nostre Amye treschere,
Que par deça ne se faict bonne chere,
Que de t'avoir on ne face ung souhaict.
Si l'ung s'en rit, si l'aultre est à son haict,
Si l'ung s'esbat, si l'aultre se recrée,
Si tost qu'on tient propos, qui nous agrée,
Tant que le cueur de plaisir nous sautelle,
Pleust or à Dieu (ce dit l'on) qu'une telle
Fust or icy. L'autre dit, pleust à Dieu
Qu'un Ange l'eust transportée en ce lieu:
Mais pleust à Dieu (dit l'autre) que Astarot
L'apportast saine, aussi tost qu'un garrot.
Voila comment pour ta fort bonne grâce,
Il n'y a cil, qui son souhaict ne face
D'estre avec toy: et ne pouvons sçavoir
Pourquoy ne viens