Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/33

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Et qui plus est, les plus souverains Dieux
Veit tresbucher soubz ses dartz furieux.
    Mais ainsi est, que ce cruel Enfant
Me voyant lors en aage triumphant,
Et m'esjouyr entre tous ses souldars,
Sans poinct sentir la force de ses dars,
Voyant aussi, qu'en mes Oeuvres, et dictz
J'allois blasmant d'amours tous les edictz,
Delibera d'un assault amoureux
Rendre mon cueur (pour une) langoureux
    Pas n'y faillit. Car par trop ardente ire
Hors de la trousse une sagette tire
De bois mortel, empenné de vengeance,
Portant ung fer forgé par desplaisance
Au feu ardant de rigoreux reffus,
Laquelle lors (pour me rendre confus)
Il deschargea sur mon cueur rudement.
    Qui lors congneust mon extreme torment,
Bien eust le cueur remply d'inimitié,
Si ma douleur ne l'eust meu à pitié:
Car d'aulcun bien je ne feuz secouru
De celle là, pour qui j'estoys feru:
Mais tout ainsi que le doulx vent Zephire
Ne pourroit pas fendre marbre, ou pourphire,
Semblablement mes souspirs, et mes criz,
Mon doulx parler, et mes humbles escriptz
N'eurent povoir d'amollir le sien cueur,
Qui contre moy lors demeura vainqueur.
    Dont congnoissant ma cruelle Maistresse