Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/356

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

J'ay ce fort mal par elle, et ses valeurs,

Et en souffrant ne crains aulcuns malheurs,

Car sa bonté de mieulx avoir m'afferme:

Ce nonobstant, en attendant le terme,

Me fault porter ces trois tristes couleurs,

Gris, Tanné, Noir.


XLIV

D'ung soy deffiant de sa Dame

Plus qu'en aultre lieu de la ronde,

Mon cueur volle comme l'Aronde

Vers toy, en prieres, et dictz:

Mais si asprement l'escondis,

Que noyer le fais en claire unde.

Dont ne puis croire (ou l'on me tonde)

Que ton cueur à m'aymer se fonde,

Quand tous biens me y sont interdictz,

Plus qu'en aultre lieu.

Car il n'y a Princesse au Monde,

Qui m'aymast d'amour si profonde,

Comme celle que tu me dis,

Qui ne m'ouvrist le Paradis

De jouyssance, où grâce abonde

Plus qu'en aultre lieu.


XLV

De celluy, qui ne pense qu'en s'Amye

Toutes les nuictz je ne pense qu'en celle,

Qui a le Corps plus gent qu'une pucelle

De quatorze ans, sur le poinct d'enrager,

Et au dedans ung cueur (pour abreger)

Autant joyeulx qu'eut oncque Damoyselle.