Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/368

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Tu peulx donc bien aultre maistresse eslire:

Que pleust à Dieu qu'en mon cueur pusses lire,

Là où Amour ne t'a sceu imprimer:

Et m'esbahis (sans rien desestimer)

Comment j'ay prins la peine de t'escrire

Tant seullement.

LXV

De la mal mariée, qui ne veult faire Amy

Contre raison Fortune l'esvollée

Trop lourdement devers moy est vollée,

Quand pour loyer de ma grand loyaulté

Du mien Espoux je n'ay que cruaulté,

En lieu d'en estre en mes maulx consollée.

Or d'aultre Amy ne seray je accollée,

Et aymeroys mieulx estre descollée,

Que desloiaille à sa desloiauté

Contre raison.

La fleur des champs n'est seichée, et foulée

Qu'en temps d'yver, mais moy pauvre affollée

Perds en tout temps la fleur de ma beaulté.

Helas ma Mere, en qui j'ay privaulté,

Reconfortez la pauvre desollée,

Contre raison.


LXVI

De l'inconstance de Ysabeau,

Comme inconstante, et de cueur faulse, et lasche,

Elle me laisse. Or puis qu'ainsi me lasche,

A vostre advis ne la doibs je lascher?

Certes ouy: [et] aultrement fascher [mais]

Je ne la veulx, combien qu'elle me fasche.