Page:Marot - Les œuvres de Clément Marot, de Cahors, valet de chambre du roy, 1547.djvu/543

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Respondre aux gens, et aux bestes farouches:
Et que mon corps soit tout fendu en bouches,
Pour mieulx à plain, et en plus de manieres
Te rendre grâces à chanter mes prieres.
   Brief, moyen n'est, qui appaiser te face,
Que je ne cherche, affin d'avoir ta grâce:
Mais tant y a, que si le mien tourment
Au gré de toy n'est assez vehement,
Certes mon Dieu, tout ce qu'il te plaira,
Je souffriray, comme cil qui sera
Le tien subject, car rien ne vueil souffrir
Que comme tien, qui viens à toy me offrir,
Et à qui seul est mon âme subjecte.
   Mon prier donc ennuieulx ne rejecte,
Puis que jadis une femme ennuyante
Ne rejectas: qui tant fust suppliante,
Et en ses dictz si fort t'importuna,
Qu'à son desir ta bonté ramena
Pour luy oster de ces pechez le nombre,
Qui tant faisoient à sa vie d'encombre.
   L'estroicte loy, que tu as prononcée,
Espovanter pourroyt bien ma pensée:
Mais je prens cueur en ta doulceur immense,
A qui ta loy donne lieu par clemence:
Et quoy que j'aye envers toy tant meffaict,
Que si aulcun m'en avoit autant faict,
Je ne croy pas, que pardon luy en feisse,
De toy pourtant je attends salut propice,
Bien congnoissant, que ta benignité