Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/102

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nes gens de bonne volonté et destinée à combattre l’usurpateur. Je fus placé sur cette liste, ainsi qu’un grand nombre de mes camarades appartenant aux bonnes familles du pays, mais l’arrivée rapide de l’Empereur à Paris anéantit ce projet d’une organisation bien imparfaite, d’ailleurs, et qui n’aurait jamais eu le résultat qu’on en attendait. Seulement, le lendemain du jour où la liste des défenseurs du trône et de l’autel (comme on les appelait par ironie) fut connue du public, je reçus par la poste, avec un petit étui, un billet d’une écriture visiblement altérée et ainsi conçu : Comme je sais que vous allez voler au secours de notre cher Roi, acceptez cette Notre-Dame, ne la quittez pas et elle vous protégera dans les plus grands dangers. Depuis, cette relique ne me quittait pas et j’y attachais un double prix, lorsque j’eus le malheur de la perdre un jour, étant à l’école de natation à Paris.

J’ai toujours cru que je devais le billet et la Vierge à l’affection secrète de Virginie Nodier, mais je ne le lui ai jamais demandé, dans la crainte qu’elle ne me répondit non. Je voulais conserver intacte cette douce certitude, que la naïve et tendre jeune fille avait eu une bonne pensée pour moi, et c’était perdre une trop charmante illusion que d’être tiré de mon erreur, si toutefois c’était une erreur…

Les Cent-Jours passèrent comme un ouragan, et les Bourbons rentrés, un fait politique se rattachant à ce néfaste système de la Terreur blanche se déroula à Besançon et valut à mon père une certaine popula-