Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/307

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Un soir, en arrivant à la maison où nous avions réuni quelques amis, Mme Francis Wey raconta fort gaiement quelques anecdotes qu’elle venait d’entendre dans un salon d’où elle sortait. « À propos, dit-elle, la jolie Mme L. est entrée d’une façon si bizarre que nous avons cru un moment qu’il n’y aurait pas assez de place dans la pièce pour y loger la croupe postiche qu’elle portait — Voyons, ma chère, s’écria Wey, contrarié de voir sa femme tourner en ridicule une de ses meilleures amies, voyons, est-ce que tu as l’habitude de laisser ton derrière dans l’antichambre quand tu entres quelque part ? »


(Février 1852.) J’ai manqué notre bon ami Bixio qui venait de sortir avec sa femme, mais ils m’ont retrouvé tous deux chez ma sœur Sophie, peu de minutes après mon arrivée. L’exaltation politique de notre ancien représentant du Doubs passe toutes les bornes et il n’y a pas moyen de causer avec lui des grands événements qui viennent de s’accomplir. Cela se conçoit aisément. Tombé de si haut et après avoir siégé pendant huit jours dans un ministère où il espérait sans doute s’installer une seconde fois pour un bail beaucoup plus long, c’est un triste retour des choses d’ici-bas. Le rêve s’est évanoui d’ailleurs, d’une manière brutale, cruelle même, entre les murs d’un cachot et sous la crainte d’être déporté à Cayenne. Bixio ne sort plus de chez lui le soir, et nous irons demain causer avec cet ange déchu de