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les galères de marseille


Galériens à la fontaine.
Gravure de Corn. de Wael. (Bibliothèque Nationale. Estampes.)
c’était un mystère pour me dépêtrer d’avec lui, car, comme le pauvre misérable n’avait qu’une chemise à demi pourrie sur son corps, que le pus de la gale traversait sa chemise, et que je ne pouvais m’éloigner de lui tant soit peu, il se collait tellement à ma casaque qu’il criait comme un perdu lorsqu’il fallait nous lever pour partir et qu’il me priait, par grâce, de lui aider à se décoller d’avec moi. Cependant je ne gagnai pas cette incommode maladie qui se prend si facilement.

En arrivant à Lyon, on mit toute la chaîne dans de grands bateaux plats pour descendre le Rhône jusqu’à Pont-saint-Esprit ; de là par terre à Avignon, et d’Avignon à Marseille, où nous arrivâmes le 17 janvier 1713, tous vingt-deux, grâces à Dieu, en bonne santé. Des autres, il en était mort beaucoup en chemin, et il y en avait très peu qui ne fussent malades, dont divers moururent à l’hôpital