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la vie aux galères

Cologne. Il nous y fit mettre les provisions nécessaires, avec ordre aux bateliers de nous descendre tous les soirs à terre dans des endroits commodes et convenables pour y coucher et nous rafraîchir et surtout de se tenir, autant qu’ils pourraient, proche de terre du côté de l’Empire, où l’armée de cette nation était cantonnée le long de la rivière.

Notre navigation jusqu’à Cologne fut assez longue, parce qu’on nous arrêtait à chaque poste, pour y présenter et faire viser nos passeports. Nous fûmes quelquefois escarmouchés par les Français qui étaient à l’autre bord, mais, Dieu merci, sans nous faire aucun autre mal que la peur. Huit jours après notre départ de Francfort, nous arrivâmes à Cologne en bonne santé. Nous y vendîmes notre bateau et le lendemain, nous partîmes de cette ville par la barque ordinaire pour Dordrecht, après avoir visité quelques messieurs protestants, à qui M. Sarazin nous avait recommandés et qui nous firent un favorable accueil. Nous arrivâmes à Dordrecht et de là, sans y faire aucun séjour, nous partîmes pour Rotterdam, où étant arrivés, nous y fûmes accueillis avec toute l’amitié possible du nombreux troupeau, tant français que hollandais, de cette ville. Nous y restâmes deux jours, toujours défrayés partout. Enfin nous arrivâmes à Amsterdam, le but de notre voyage[1].


FIN
  1. Peu après, Martheilhe fut envoyé à Londres par le Consistoire de l’Église wallonne pour solliciter l’intervention de la reine Anne en faveur des religionnaires demeurés sur les galères. Il en obtint une audience et repartit, avec l’assurance du duc d’Aumont, qui représentait Louis XIV près la cour de Londres, que l’erreur des secrétaires de la marine serait réparée. Daniel Le Gras fut rangé dans cette seconde fournée de libérés (7 mars 1714) mais M. de Torcy, qui avait succédé au duc d’Aumont, fut chargé de faire entendre au gouvernement britannique que ces nouveaux graciés avaient été condamnés à mort par les Parlements et commués par la bonté royale. Quant aux autres, on les donna comme des condamnés pour crimes de droit commun. (Archives de la Marine : B6 46).