Ou le jeune chevreau qui, privé de sa mère,
Se plaint de son absence, et réclame son lait.
Des filles du hameau l’essaim modeste et sage
Offre aussi ses présents. A la fin de l’ouvrage,
On invite au dîner un aimable voisin ;
Il accourt. De la table, abondamment servie,
Nul mets par une avare main
N’est soustrait pour le lendemain.
Chacun suit en mangeant son goût, sa fantaisie,
Et l’esclave, enlevant les débris du festin,
A l’heureux convié ne porte point envie.
Et toi, si pour passer le temps,
De ton élégant belvédère,
Tu vas à ta maison des champs
(Car c’est ainsi que tu veux qu’on la nomme,
Bien qu’elle touche aux murs de Rome),
Dans ton manoir rural, Bassus, que trouves-tu ?
Tu vois partout le superflu,
Et nulle part le nécessaire.
Tu n’aperçois que myrtes, que lauriers ;
Qu’as-tu besoin de jardiniers
Qui du marché tirent leur nourriture ?
Pour protéger tes espaliers
Il suffirait d’un Priape en peinture.
Si le besoin de respirer
T’y conduit, dès la veille il faut te préparer
Ainsi que pour un long voyage ;
Œufs, légumes, poulets, poissons, fruits et fromage,
A grands frais par ton ordre à la ville achetés,
Sont encaissés, empaquetés.
Aux champs tout cela t’accompagne
Chargé sur un large brancard ;
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