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bernardines

par persuader au suprême pouvoir du diocèse que leur spirituel n’était plus en sûreté, que la disproportion était telle entre leur passif et leur actif qu’on voyait désormais « convenance d’église » à ce qu’elles disparussent.

La mère Ponsonas, fondatrice des Bernardines, morte à Lyon en 1675.

La menace de dissolution ou de réunion à un autre monastère mieux conditionné flottait dans l’air depuis 1743 : des lettres du promoteur en témoignent. Les premiers grondements de l’orage se firent entendre en 1749. Mme Guiguet était supérieure depuis le 11 septembre de cette année : femme de tête et de cœur, aussi habile en administration et en procédure civile et canonique, que moniale instruite et pieuse, elle lutta, dans une minute de défaillance, pour conserver sa chère maison. Elle fut vraiment la seconde fondatrice de la Divine Providence comme ses filles lui en donnèrent le nom. Elle résistait pied à pied aux instances, atténuées dans la forme, mais inexorables au fond, de M. Carrier, vicaire général, et de l’évêque suffragant de Lyon, Claude Navarre, évêque de Sidon, supérieur direct des Bernardines. Elle alléguait le passé dont on s’était tiré, l’avenir qui serait meilleur, si on lui accordait du loisir et des facultés pour « rassembler son bien épars et pour ainsi dire confisqué par le trop de charges ».

Cette volumineuse correspondance Guiguet-Carrier-Navarre, de 1749 à 1752 surtout, serait une utile contribution à l’histoire ecclésiastique de Lyon, par maints détails, par maints éclaircissements qui vont au delà de la querelle. Il parut bien que les efforts de la vaillante supérieure n’aboutirent qu’à une dérision ; les ennemis puissants ne lui manquaient pas. Le 24 septembre 1749, dix-huit jours après son élection, on lui intima défense de la part du roi « de plus recevoir de novices jusqu’à nouvel ordre » et le soir de ce jour, sans autre délai ni formes, elle fut arrêtée par lettre de cachet et gardée en appartement. Un mémoire apologétique anonyme, paru en 1761, accuse de ce coup de force, plus encore que le cardinal de Tencin, dont on possède cependant des lettres affectueuses à Mme Guiguet, les puissants amis des Bénédictines de l’abbaye royale de Chazeaux, parce qu’elles avaient promesse qu’on leur ferait passer les biens de ces religieuses.

La mère Guiguet, ajoute le mémoire, avait d’excellents projets. Elle voulait : 1o Rendre louable une maison inutile au monastère, en portant les jours sur la place d’armes et en