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Façade de l’église Saint-Just.

commises par les antipapistes, disciples de Calvin, et de leurs innombrables déprédations. Maîtres de Lyon dans la nuit du dernier avril au 1er mai 1562, ils se présentèrent le surlendemain, à la porte du faubourg, conduits par le prévôt de la maréchaussée et par les capitaines d’Estranges et Odefroy ; Provençaux et Genevois pour la plupart, ils entrèrent sans opposition et se logèrent chez les habitants, riant de leur terreur et vidant leurs caves. Leur fanatisme s’acharna sur l’église ; ils en brisèrent les statues et les lampes, jetèrent les livres au vent, emportèrent les brocarts et les dentelles ; ils organisèrent une procession sacrilège, traînant dans la rue, au milieu des huées et du chant des Psaumes de Marol, les saintes images et les objets du culte. L’orgie tombée, on procéda, huit jours après, à un récolement régulier, mais il suffit de le lire pour constater ce qui avait déjà disparu et à quel degré le désordre avait été porté. Toutefois, averti par sa famille et plus probablement par un de ses frères. Antoine Pupier, hôtelier de la Croix-Blanche, qui paraît avoir été un des chefs des émeutiers, l’obéancier François Pupier avait enlevé les plus précieux des reliquaires, des vases sacrés, des étoles et des chapes, et les avait emportés avec lui dans ses pérégrinations à Montrotier, à Montbrison, à Chazelles et enfin à Saint-Genis-Laval au camp du duc de Nemours.

On se mit ensuite à la démolition des remparts, et les soldats contraignirent la population à exécuter la corvée avec eux. Dans l’intervalle on procédait au déménagement et à la vente du mobilier de l’église, des bois, des ferrures, des marbres ; il est certain que plusieurs des beaux sarcophages antiques, les hachasses, épars dans le cimetière, disparurent à ce moment-là. On descendit les cloches vers le 24 juin ; la plus grosse fut cédée à Saint-Nizier ; Poncel et Chanouvrier achetèrent le beffroi, Pierre Manasset les bancs du chœur. À la fin de septembre, d’Estranges proposa à deux charpentiers, Jean Bilerne et Jean Duerne, en leur abandonnant les matériaux pour salaire, de saper l’église ; le jour de Saint-Michel, ils enfoncèrent le premier coup de pioche et allumèrent la première mine ; bientôt il ne resta ])as pierre sur pierre de l’édifice ; la vengeance contre les chanoines, qui avaient refusé aux protestants d’ouvrir un prêche dans leur juridiction, était complète.