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histoire des églises et chapelles de lyon

succédait à la Commission de justice militaire entrée en fonctions le 12 octobre 1793, qui, en trente et une séances, avait prononcé quatre-vingt-seize condamnations contre des soldats du siège, qu’on fusilla à Bellecour, — et à la Commission de justice populaire, installée le 31 octobre, et qui, en vingt-sept séances, envoya cent treize condamnés à la guillotine de la place des Terreaux. La Commission révolutionnaire fonctionna du 4 décembre 1793 au 13 avril 1794, présidée par Pierre-Marie Parrein ; elle prononça seize cent quatre-vingt-quatre condamnations capitales dont soixante le 4 décembre, deux cent huit le 5, soixante-sept le 21, cinquante-cinq le 5 janvier 1794. Sept cent trente-deux condamnés furent guillotinés et neuf cent trente-cinq fusillés.

La Commission révolutionnaire siégeait au premier étage de l’Hôtel de Ville dans la salle du Consulat, éclairée par trois fenêtres sur la cour haute et séparée de la chapelle seulement par l’escalier tournant des archives. Chaque décade, les prisons de la ville pourvoyaient à sa sinistre besogne par l’envoi de prisonniers qu’on entassait dans les salles du premier étage, comme on parque les animaux à l’abattoir avant de les livrer au boucher. La grande salle des fêtes et la chapelle étaient spécialement affectées à ce dépôt de malheureux qui passaient de là dans la salle voisine, d’où, leur sort une fois fixé en quelques minutes employées à l’interrogatoire et au jugement, ils étaient conduits par l’escalier donnant dans la cave du sous-sol, dernière station avant la mort.

Le 11 février 1794, la Commission temporaire de surveillance républicaine, autre invention atroce de Fouché et de Collot d’Herbois pour servir de « supplément révolutionnaire à toutes les autorités constituées », recrutée par le club des Jacobins de Paris, et siégeant rue Sainte-Catherine, n° 8, reçut une réclamation du concierge de la maison commune, qui se plaignait qu’il y existât encore des figures de saints. La commission l’autorisa à les abattre et invita la municipalité à lui payer le déboursé occasionné par ce travail. La commission ainsi informée qu’il restait encore à Commune Affranchie « des monuments honteux de féodalité et de superstition » prit un arrêté ordonnant aux autorités de faire disparaître dans les vingt-quatre heures « tous les emblèmes féodaux et fanatiques. » Ce fut sans doute à cette occasion que disparurent les dernières statues qui ornaient la chapelle. Depuis ce temps, rien ne rappelle plus au visiteur l’ancienne destination de la salle, réduite maintenant au rôle de simple vestibule et qui fut pendant cent cinquante ans la chapelle de l’Hôtel de Ville. Parmi les Lyonnais d’aujourd’hui appelés à la traverser les jours de fêtes municipales, se souvient-on encore que ce lieu fut témoin des manifestations de leur foi, à une époque où les pouvoirs publics rendaient un culte à la Divinité, et plus tard de leurs souffrances aux jours les plus tragiques de l’histoire de la cité ?


L’ÉGLISE DES MINIMES

Un ermite de Calabre, François de Paule, réunit autour de lui quelques disciples, il leur assigna ses exemples pour règles, un maigre perpétuel pour aliments, l’humilité