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histoire des églises et chapelles de lyon

niches qui accompagnaient la porte et un entablement dorique surmonté d’un fronton où paraissaient les armes de la maison de Villeroy. La partie supérieure était formée de pilastres ioniques supportant un grand fronton circulaire avec une croix au sommet. Au-dessous du grand vitrail était lui groupe sculpté représentant le Sauveur mort entre les bras de sa mère, un des bons ouvrages de Bidaut. À l’intérieur, régnait l’ordre corinthien : Blanchet, qui avait donné le dessin du grand autel, y avait gardé cet ordre auquel il ajouta seulement deux colonnes de marbre rouge de Savoie, en avant-corps, avec base et chapiteaux dorés. On voyait, au-dessus du fronton qui terminait cet avant-corps, le prophète Élie enlevé dans un char sur des nuées et laissant tomber son manteau entre les mains de son disciple Élisée, dont la figure se trouvait placée dans l’une des niches latérales de l’autel, et faisait de la sorte pendant à celle de sainte Thérèse placée dans l’autre niche. Ces figures en stuc étaient de Bidaut, d’après Blanchet. Le tableau du grand autel, une Descente de croix, avait été commencé par des élèves de Le Brun, mais entièrement retouché de la main du fameux peintre. Le tabernacle était tenu pour la plus belle pièce du royaume en ce genre : il avait été fait à Rome sur le dessin du Bernin, et les sculptures en bronze doré en avaient été jetées sur les modèles du même artiste.

« L’ordonnance de cette petite fabrique, écrit Clapasson, est des plus élégantes. La partie du milieu qui fait un avant-corps pour servir de niche à l’exposition du Saint-Sacrement, est sur un plan de forme moitié convexe et concave et accompagnée de quatre colonnes corinthiennes accouplées de marbre serpentin d’une grande beauté. Les pilastres, derrière les colonnes, sont de différents jaspes de même que le corps de la niche dont le fond, en perspective dégradée, est rempli par un groupe de trois figures : Jésus-Christ au milieu des pèlerins d’Emmaüs. Les deux ailes sont formées chacune par une ordonnance de trois colonnes, aussi de serpentin, avec des niches de différents marbres rares occupées par les statues des quatre évangélistes ; l’entablement, au-dessus, est surmonté d’un attique avec des figures d’anges qui portent des encensoirs. »

Ce furent les Carmélites qui firent venir ce tabernacle de Rome, afin de seconder de leur mieux le zèle des Villeroy pour la décoration de leur église. « La chapelle des Villeroy, continue Clapasson, est décorée du même ordre mais en plus petit volume. Le tableau de l’autel, où l’on voit les bergers à la crèche, est d’Houasse, l’un des meilleurs élèves de Le Brun ; les deux colonnes corinthiennes qui forment les retables sont élevées sur des piédestaux et soutiennent un fronton sur lequel deux anges sont assis. Le mausolée le plus proche, à gauche de l’autel, est celui de la marquise d’Halincourt, fondatrice du monastère ; on ne peut aller plus loin pour la délicatesse du ciseau et la recherche du travail, mais le dessin est très médiocre. » L’inscription qui y était jointe se réduisait à un abrégé des titres, qualités et emplois de la fondatrice. Le mausolée de Charles de Neuville était érigé au fond de la chapelle, vis-à-vis de l’autel. L’époux de Jacqueline de Harlay figurait en bronze, agenouillé sur un tombeau carré, qui adossait un petit corps d’architecture également en bronze ; le reste était de marbre noir. Ce fut à Richier, et non Richer, comme l’écrit Clapasson, sculpteur et médailleur lorrain qui séjourna à Lyon en 1619, en 1631 et en 1635 que l’on doit les deux monuments.