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visitation

caserne actuelle de gendarmerie. Le tout empiétait beaucoup sur la rue qui avait alors six mètres à peine de largeur tandis qu’elle en compte maintenant 8 à 10 ; le surplus a donc été pris en entier sur le terrain du monastère démoli. En retour d’équerre, sur le chœur de l’église qui était régulièrement orientée et contre le flanc occidental du cloître, était appuyé le chœur des religieuses, dont remplacement existe encore en grande partie. Il est représenté par l’espace vide entre la gendarmerie et le n° 26 de la rue formant une cour à laquelle on accède par un vaste portail s’ouvrant juste en face du débouché de la rue Boissac. »

Notre-Dame-de-Grâce (Couvent de la Visitation).

Le premier dessein avait été de bâtir du côté de la rue Sainte-Hélène, près des Pères Jésuites ; on commença même à y creuser un fondement de murailles. Mais on représenta que l’église des Jésuites était déjà bien avancée et que les religieuses franciscaines de Sainte-Élisabeth, pour lors logées dans une maison voisine, feraient apparemment la leur tout proche et qu’ainsi il y en aurait trois au même endroit. D’ailleurs tous les offices étaient placés sur la rue du côté des Jésuites qui y tenaient un noviciat, il ne fallait pas penser à prendre aucun jour de ce côté ; d’autre part, si le monastère était construit là, le carré en occuperait tout le jardin ; enfin la mère de Blonay jugeait que l’on s’éloignait trop du lieu où était mort le saint fondateur. Aussi tout bien pesé, on se résolut à faire le bâtiment à l’endroit même où était la maison que l’on avait achetée de M. Thiéry. Il y fallut de bons matériaux et beaucoup de solidité « à l’épreuve du canon de l’arsenal, parce que n’y ayant alors point de maison du côté de la place Bellecour, on y tirait ordinairement les pièces d’artillerie, qui faisaient trembler notre maison. » En moins de quatre ans, le grand bâtiment fut achevé avec la muraille de clôture, depuis l’église des Jésuites jusqu’au mur du jardin et avec les trois chapelles ou ermitages du jardin même. Toutefois, comme l’on ne put vaincre toutes les difficultés du terrain, l’église ne put être tout ce que l’on souhaitait. Des documents postérieurs la qualifieront de peu belle, irrégulière et de faible étendue.

Une petite cour la précédait ; la nef assez longue était par là disproportionnée au sanctuaire ; un lambris à hauteur d’appui régnait tout autour. Elle était « garnie de deux longs bancs attachés aux murailles et d’un sous-pied ainsi que d’un confessionnal » ; des degrés montaient de la nef dans le chœur : la mère de Blonay en voulut quinze, en l’honneur, dit-elle, des quinze marches que monta la Vierge en sa présentation au temple. Il y avait aussi une balustrade entre ces deux parties de l’église. Le jour venait par huit fenêtres percées dans l’épaisseur du mur de telle façon quelles pussent supporter, à leur base, de grands vases de fleurs aux fêtes solennelles ; plus tard, l’on mettra