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histoire de églises et chapelles de lyon

Saint-François de Sales, à l’ancien retable qui n’élail qu’en bois doré et à tout le reste de la chapelle qui se ressentait du goût antique. On se remit de tout à dom Prenel qui ne trompa point la confiance que l’on avait à ses lumières. « Le couronnement de la chapelle qui porte jusqu’à la voûte de l’église est estimé des plus habiles connaisseurs en fait d’architecture. Monseigneur de Sidon, suffragant du diocèse, nous fit la grâce de sacrer très solennellement cette nouvelle chapelle qui est à portée de notre vue. »

Sous le gouvernement de Marguerite-Sibile Anisson, l’église fut rebâtie en partie et régularisée : ce qui contenta le plus les sœurs, fut la voûte plafonnée en plâtre, une corniche de même matière qui régnait tout le tour, avec des pilastres surmontés de leurs chapiteaux qui, placés de distance en distance, faisaient un ornement achevé. Trois ans plus tard, elles firent peindre, sur le châssis de la grille du chœur, la vie symbolique de saint François de Sales ; « divisée, dit la circulaire d’Anne-Christine Ferrary, en trente petits carreaux. L’un représente une ruche d’abeilles, l’autre un phénix sur un bûcher. » Le détail des autres serait trop long ; au-dessus de chacun se lisait une devise latine. Cette pièce est des plus curieuses. « Les peintres de ce pays-ci mettaient cet ouvrage à un prix excessif ; un italien qui passait a été beaucoup plus traitable ; nous nous en sommes prévalues pour l’acquisition de deux tableaux de cellule et pour en raccommoder plusieurs fort usés par le temps ; il a excellé à un qui est estimé bon par les connaisseurs ; il fait face à un corridor où l’on s’assemble pour l’office ; les figures sont de hauteur naturelle, elles représentent le mystère de la Visitation, saint Augustin et notre saint fondateur, avec deux de ses filles à genoux ; saint François de Sales semble les exhorter à imiter la Sainte Vierge. Cette perspective est des plus dévotes. »

Telles furent les dernières améliorations de Sainte-Marie de Bellecour : l’orage approchait et les jours du monastère étaient comptés. Ce qu’on regrette dans l’église disparue, c’est non pas un monument de valeur artistique, mais l’édifice témoin des inoubliables cérémonies qui célébrèrent la béatification de François de Sales, le 29 janvier 1662, sa canonisation, le 1er mai 1666, la béatification de Jeanne de Chantal, le 30 avril 1732. À ce titre, pour l’honneur de l’Histoire de Lyon, dont il rappelait les plus beaux traits, il ne devait pas périr.

Au demeurant, Sainte-Marie de Bellecour possédait un mobilier dont on doit déplorer la perte : 1o le tableau de la Visitation, présent d’un bienfaiteur inconnu déjà mentionné et que l’abbé Vachet attribue peut-être au peintre Ch. Lagou ; 2o un tableau de Notre-Dame, bonne copie que la mère Anne-Marie de Thélis fit prendre à Rome sur l’original ; 3o une grande peinture de la Merge fort estimée des connaisseurs et mentionnée dans une circulaire ; 4o un tableau du Sacré-Cœur, « le visage du Sauveur est tiré sur le portrait que Jésus-Christ envoya au roy Abagarre ; il a coûté environ quatre cents livres » ; 5o un autre grand tableau du Sacré-Cœur : « Mme de Savaron, abbesse de l’abbaye royale de Chazeaux, dit la dernière circulaire de Bellecour nous a fait don d’un tableau, où sont peintes sainte Scholastique et sainte Chantal réunies auprès du Sacré-Cœur de Jésus » ; 6o une effigie de ce même Sacré-Cœur, en bois doré, pour être mise au-dessus du tabernacle du grand autel, car le tableau « n’était pas assez honorablement placé » ; 7o un por-