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histoire des églises et chapelles de lyon

PROVIDENCE CAILLE ET PETITS FRÈRES DE MARIE

Joseph Caille, chanoine d’honneur de la cathédrale de Lyon, fut le fondateur de cet établissement. Il naquit en Savoie, le 9 août 1760, à Puisgros, canton de Chambéry. Ses parents vertueux, mais peu favorisés de la fortune, l’envoyèrent à Lyon à l’âge de quatre ans et demi chez un oncle maternel qui le fit recevoir, en 1766, enfant de chœur du chapitre de Saint-Just, et favorisa sa vocation ecclésiastique. En 1784, il fut nommé maître des enfants de chœur, c’est-à-dire chargé d’élever les enfants qui devaient servir les offices célébrés par les chanoines de Saint-Just. Lorsque cette collégiale fut obligée de se dissoudre, en novembre 1791, Caille embrassa l’état d’instituteur, afin de subvenir à sa vie quotidienne. Après la Révolution, la renommée de son pensionnat s’accentua, et l’abbé Joseph Caille profita des ressources acquises en instruisant les enfants riches, pour réaliser le projet qu’il caressait depuis longtemps de fonder une maison d’éducation gratuite à laquelle il donnerait le nom de Providence. On y recevrait les jeunes garçons nés à Lyon ou dans les faubourgs et qui seraient pauvres et sans parents. Par son testament, daté du 10 septembre 1840, il légua à cette œuvre future sa fortune, sa propriété de Fourvière et sa maison d’habitation. Celle-ci destinée à loger les administrateurs du futur établissement « est bornée, dit-il, au nord, par la vigne des Frères de la doctrine chrétienne, et elle est séparée des autres bâtiments qui serviront tous de grand berceau à l’établissement, dont la réussite est l’objet de tous mes désirs. Cette maison est composée au rez-de-chaussée, d’un salon, d’une salle à manger, d’une cuisine et d’un lavoir. Toutes les pièces qui sont au-dessus de ce rez-de-chaussée, sont comprises dans cette destination, aussi tous les meubles et effets, mon bureau, ma commode et mon lit ; la première administration disposera aussi de ma bibliothèque comme elle le croira plus convenable à l’utilité et à l’avantage de l’établissement ».

Il ajoute des détails historiques qui ne manquent pas d’intérêt : « Nulle maison de Lyon, n’a été honorée, comme celle-là, de la présence d’un aussi grand nombre d’illustres personnages de l’Europe entière. Ils y sont venus pour jouir du spectacle ravissant que présente la terrasse de ce délicieux séjour. Le 19 avril 1806, l’immortel souverain pontife Pie VII, honora de sa présence ma maison de Fourvière, il daigna y accepter, de ma propre main, une légère réfection, du chocolat et un verre d’eau. Ce bon et très vénérable saint Père, pendant son déjeuner, daigna plusieurs fois m’adresser la parole.

« Le 24 juillet 1814, Mme  la duchesse d’Orléans vint visiter l’église de Notre-Dame de Fourvière ; après y avoir entendu la messe avec édification, cette princesse, dont les rares qualités et les vertus étaient célébrées dans toute l’Europe, fut conduite dans mon pensionnat par M. le comte d’Albon, alors maire de la ville, et Mme  la comtesse d’Albon. »