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histoire des églises et chapelles de lyon

Saint-Louis-Saint-Vincent. Quoiqu’il en soit, cette chapelle exista jusqu’à la fin du siècle dernier, comme simple chapelle de cimetière. Quant à la paroisse, que le vocable de Grâces distinguait seul de l’église de Villeurbanne, dédiée aussi à Notre-Dame, elle était, selon l’usage du temps, entourée d’un cimetière qui occupait remplacement de la place de la Croix, jusqu’à la rue de la Vierge-Blanche, ainsi nommée d’une grande statue qui dominait les tombes des enfants. Le cimetière survécut : en 1820, on y enterrait encore les morts dont les familles possédaient des tombeaux.

Notre-Dame-de-Grâces, construite à la hâte, ne sut résister qu’à l’effort d’un siècle à peine. Il fallut songer à un troisième édifice, et, en l’attendant, installer quelque part le service paroissial. Depuis longtemps, on guettait la chapelle des Pères du Tiers-Ordre de Saint-François, dits religieux Picpus ou Tiercelains, élevée sur un terrain qu’avaient donné à ces religieux le duc et la duchesse de Mayenne, et qui avait fait partie de la succession du maréchal de Trivulce.

Les Picpus ne consentirent point à se laisser évincer ni même à partager. Par la même ordonnance du 7 janvier 1578 citée plus haut, l’archevêque Camille de Neuville transféra provisoirement le service paroissial dans une chapelle voisine, qui était à l’usage des Pénitents du Confalon de la Guillotière, sur l’emplacement qu’occupait autrefois la maison du sieur Forest, au numéro 199 de la grande rue de la Guillotière, maison qui se trouvait au sud de la place de la Croix et n’existe plus aujourd’hui. En 1698, Mgr de Saint-Georges perdant patience, pressa vivement les pères Franciscains de Picpus. Il leur remontra que, vu leur nombre sans cesse décroissant, il y aurait avantage à ce que le service paroissial se fit chez eux, sinon par eux : à quoi ils répondirent par un refus catégorique, et encore insistèrent-ils pour que la nouvelle église, si nouvelle église il y avait, fut construite loin de leur chapelle, dans le bourg du côté de la ville. De plus, ils citaient complaisamment toutes les chapelles situées sur le territoire de Notre-Dame-de-Grâces, propres à devenir, l’une ou l’autre, une très convenable église paroissiale : Saint-Lazare, l’hôpital des Passants, la Madeleine.

L’administration diocésaine se résigna à des essais de construction qui durèrent vingt-cinq ans ; enfin un habile prélat, Mgr de Rochebonne, obtint une transaction : le service paroissial fut transporté, en 1739, dans une salle basse du couvent où il resta jusqu’en 1790. L’édifice était situé rue de Provence, aujourd’hui rue de l’Hospice-des-Meillards. Steyert pense qu’on avait conservé l’ancien clocher de Notre-Dame-de-Grâces sur la place du marché, ou qu’on y avait élevé une simple arcade pour soutenir une cloche. Les traces de ce clocher, au témoignage de Crépet, se voyaient encore en 1826, lors du transfert du cimetière au chemin de Vénissieux. On prétend que la maison qui porte les numéros 131 et 133 de la grande rue de la Guillotière a été construite des démolitions de l’église, ou du moins du clocher de Notre-Dame-de-Grâces, et l’on croit voir encore dans la façade des débris de sculptures. Après le jubilé de 1825, le cimetière fut désaffecté, et la grande croix, tout en laissant son nom à l’ancienne place du marché, fut transportée à l’un des angles de la route d’Heyrieu.

Le 7 mai 1790, les Tertiaires franciscains comparurent par devant la municipalité de la