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histoire des églises et chapelles de lyon

Le 8 octobre « l’ennemi mit le feu au collège de Saint-Irénée, et profita de cet accident pour attaquer la porte de ce nom. Elle avait été presque évacuée, ainsi que celle de Trion et il l’emporta après une légère résistance ». Précy ordonna aux commandants des postes de Perrache, Saint-Georges, Saint-Clair, Brotteaux, Saint-Just, Serin et la Croix-Housse de se rendre à Vaise. On coupa le pont de bateaux sur la Saône. Lorsque toutes les troupes furent centralisées à la Claire, à Vaise, elles ne se montèrent qu’à sept cents hommes, deux cents pour lavant-garde composée de cavalerie sous la conduite de M. de Rimbert. Précy commanda les trois cents hommes du centre, et M. de Virieu l’arrière-garde de deux cents hommes.

Caveau des victimes du siège.

« Je n’avais pour but, dit Précy, que de gagner la Suisse, comme la partie la plus rapprochée de Lyon qui offrit un asile sûr. Je ne le pouvais tenter par les Brotteaux, ce côté était fortifié. Je trouvais les mêmes dangers par les portes de Saint-Clair et de la Croix-Rousse où j’aurais eu les mêmes forces à combattre. Je n’avais vu qu’un seul point, à pouvoir espérer de forcer, celui des villages de Saint-Rambert et de Saint-Cyr. » La sortie eut lieu avec impétuosité, on se dirigea sur Saint-Rambert, où l’arrière-garde fut coupée. On traversa Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, Poleymieux, Chasselay, Morancé, où l’on obtint du pain et du vin généreusement payés, et l’on fut à Alix vers neuf heures du soir. Après deux heures de repos, on en repartit pour le Bois-d’Oingt, et de là à Bagnols où l’on fut bien reçu par la municipalité. La troupe se dirigea sur le chemin d’Amplepuis, passa à Saint-Véran, puis à Pontcharra. Là, elle fut entourée par un corps de trois ou quatre mille hommes, à qui elle put heureusement échapper, puis parvint à Ancy où seulement quatre-vingts de ses retraitants arrivèrent. Ils se dispersèrent dans les bois, mais la cavalerie ennemie se précipita sur la vaillante troupe et en massacra la plus grande partie. Précy erra pendant neuf jours avec deux compagnons et gagna les montagnes du Forez, où il se tint caché de côté et d’autre jusqu’au 20 janvier 1793 ; il s’abrita longtemps dans un souterrain, et passa un hiver sans se déshabiller de crainte d’être surpris. Enfin, après mille péripéties, il revint à Thizy, à Bagnols, passa à Bourg, Lons-le-Saulnier, Pont-d’Ain, Morez et enfin gagna la Suisse : il était sauvé.

Qu’était devenu Lyon après l’héroïque, mais vaine sortie de Précy ?

« Lyon rendu, raconte Lemaire dans l’Histoire de la Révolution française, les commissaires de la Convention, Collot d’Herbois, Couthon et Maigret, y entrèrent en vainqueurs impitoyables. « Sur les ruines de cette infâme cité », avait dit Barrère au nom du Comité de salut public, « il sera élevé un monument qui fera l’honneur de la convention, et qui portera pour inscription ce mot qui dit tout : Lyon fit la guerre à la liberté, Lyon n’est plus. » Les commissaires se mirent à exécuter ce décret avec toute la rigueur qui convenait à leur férocité naturelle. Voici de quelle manière Couthon procédait à la démo-