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histoire des églises et chapelles de lyon

L’abbé Moyne, après lui avoir donné tous les conseils nécessaires à son cas, eut la pensée d écrire au cardinal prince de Hohenlohe pour recommander à ses prières cette pauvre malade et tout ensemble un projet déjà mûri dans le secret de son cœur et dont il verrait qu’il était agréé ou refusé de Dieu selon qu’il y aurait guérison ou mort de la moribonde. Le célèbre thaumaturge répondit au prêtre, qui lui était parfaitement inconnu, en lui marquant le jour où il commençait une neuvaine à son intention, et en lui envoyant une prière en l’honneur du saint Nom de Jésus. L’avant-dernier jour de la neuvaine, on vit disparaître l’enflure qui enveloppait tout entier et couvrait de plaies le corps de l’hydropique, laquelle, peu après, se proclama délivrée de son mal.

Chapelle des Franciscaines de la Propagation de la foi.

L’abbé Moyne lui confia la pensée dont sa guérison lui semblait l’approbation d’en haut : c’était la fondation d’une congrégation qui aurait pour but unique de consacrer ses prières et le fruit de son travail à l’œuvre lyonnaise de la Propagation de la foi et aux missions lointaines. Cette confidence faite, il dut quitter le séminaire Saint-Jodard pour la cure de Couzon. En 1836, il s’ouvrit de son dessein, qui était devenu une sérieuse résolution, à l’un de ses plus vénérables confrères, curé des Chartreux à Lyon. Celui-ci entrant dans ses vues, le mit en relation avec trois ouvrières qu’il estimait propres à jeter les fondements de l’œuvre. L’année suivante, plusieurs personnes vinrent en accroître le nombre.

La communauté fervente et insouciante des succès humains travaillait la soie sur le métier et apportait au moins le tiers de son gain à la caisse de la Propagation de la foi. En 1839, elle acquit une maison où elle se logea définitivement. En 1840, le cardinal de Bonald bénissant les cloches de Couzon, l’encouragea et lui témoigna une particulière affection qui lui en attira beaucoup d’autres. Mgr Douarre, vicaire apostolique de la Nouvelle-Calédonie, disait notamment : « Mes sœurs, vous demeurerez cachées à Nazareth pendant au moins trente ans, puis vous vous étendrez au loin : je ne suis pas prophète, mais je vous le prédis ». Prophète ou non, il avait parlé juste : jusqu’en 1844, les épreuves les plus douloureuses, contradictions, persécutions et qui pis est, désertions, assaillirent, décimèrent la congrégation naissante.