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adoration-réparatrice

état absolument passif. Dans cet espace et au sein de cette lumière, je vis surgir un peuple nouveau au milieu des chrétiens. Ces saints étaient de tout sexe et de toute condition ; rien ne les caractérisait que leur grande sainteté. Ils étaient religieux mais formaient plutôt une société de personnes pratiquant, dans leur pureté parfaite, les conseils évangéliques qu’une communauté régulière ayant forme de monastère.

« Ce que je voyais surtout, c’était la gloire qu’ils rendaient à Dieu en répandant la vie de N.-S. Jésus-Christ au Saint-Sacrement. Je voyais ce peuple toujours prosterné au pied du trône eucharistique, et les prêtres de cet ordre propageant l’amour divin dans tous les cœurs. Je Aboyais ces nouveaux apôtres de la charité de Jésus vivre au milieu du monde dans un état si angélique, si plein de dignité et de simplicité, en un mot, si conforme à Jésus-Christ même, et la société entière imiter si parfaitement la sainte Famille à Nazareth que je ne pus supporter l’excès de mon bonheur ; je crus mourir de joie et je tombai entièrement défaillante à la chapelle. On me crut évanouie, on m’emporta à la sacristie : c’était la première fois qu’il paraissait en moi quelque chose d’aussi extérieur. »

Par cette fondation, rue Tramassac, proche de l’église Primatiale, la famille religieuse de sœur Marie-Thérèse devint la première congrégation en France ayant le privilège de posséder l’exposition perpétuelle du Saint-Sacrement ; elle prit ainsi l’initiative d’un mouvement que tant d’autres devaient suivre plus tard. D’autres fondations, la maison-mère de Paris, la maison de Châlons, etc., ont répandu en France l’œuvre réparatrice qui reste dans sa réalisation ce qu’elle fut dans sa conception. Bientôt l’institut obtint de Rome un bref laudatif, en attendant l’approbation canonique que la mère Marie-Thérèse prépara par un voyage à Rome. Ces sollicitudes et ces travaux n’étaient que le cadre d’une vie intérieure active et élevée. On a conservé les traces des relations spirituelles que la mère fondatrice entretint avec Mgr Luquet et Mgr Morlot. Autant dans ces relations que dans les autres manifestations de sa vie spirituelle, la mère Marie-Thérèse se montra animée de l’esprit des saints. On le vit notamment, lors de l’incendie de la chapelle de Paris, où elle fut retirée des flammes à demi brûlée : sa foi et son énergie en cette circonstance n’eurent d’égales que ses souffrances. Elle abdiqua peu après, fit élire une autre supérieure générale, et mourut le 30 août 1863.

Revenons à la fondation de Lyon : la maison de la rue Tramassac fut abandonnée en 1867 ; les religieuses se rendirent alors rue de la Charité, puis, quatre ans plus tard, rue du Plat, et, de là, rue Henri IV où elles possèdent une vaste et belle chapelle, construite sur les plans de M. Sainte-Marie Perrin. La première pierre en fut posée, en avril 1876, par Mgr Thibaudier, auxiliaire de Mgr Ginoulhiac, archevêque de Lyon. Le cardinal Caverot bénit solennellement l’édifice le 14 septembre 1877, et le lendemain le Saint-Sacrement fut apporté de la rue du Plat en grande pompe. C’est une des dernières processions qui aient eu lieu dans les rues de notre cité.

En pénétrant dans la chapelle, essayons d’en saisir le sens symbolique.

« Figurer à l’aide d’arcs surbaissés les longues et flottantes draperies d’une tente, résumer dans quelques signes caractéristiques la préparation de l’Eucharistie, rendre la pensée de la Réparation, tel est le but mystique que l’architecte s’est proposé d’atteindre