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XXIII
INTRODUCTION

déploya une ardeur inlassable pour solliciter leur retour à son administration ; il ne réussit que pour le grand Séminaire de la Croix-Pâquet. L’empereur lui refusa les Colinettes, la commanderie de Saint-Georges, les Bleus-Célestes, surtout les Jacobins de la place Confort, qu’il convoitait pour les enfants de chœur de sa cathédrale ; cependant, avec le concours de M. Charpieux, maire de l’arrondissement de l’Ouest, il obtint que le Petit Collège fût provisoirement cédé aux Frères de la Doctrine chrétienne, dont il patronnait la reconstitution.

Pendant toute la durée de l’absolutisme impérial, ni les circonstances, ni les vues du gouvernement ne s’accommodèrent de la restauration des ordres anciens et de nouvelles associations séculières, plus spécialement vouées à l’apostolat et à la charité. Il n’y eut d’exception, à Lyon, que pour les frères de Saint-Jean-Baptiste de la Salle et les dames Saint-Charles de l’abbé Démia ; il était urgent de réunir des instituteurs et des institutrices. Les Pères de la Foi tentèrent en vain d’installer un collège ; Fouché en ordonna, trois mois après, la fermeture. Inutilement aussi l’abbé de Rauzan, sur les pressantes instances de l’archevêque, jeta les fondements d’une société de missionnaires : il fut contraint d’y renoncer et de les disperser, après moins de deux années d’expériences, malgré des débuts pleins de promesses. D’humbles filles de Sainte-Thérèse, cinq ou six, âgées, tremblantes, qui avaient traversé, sans se séparer, les plus mauvaises heures du siège et de la Terreur, parvinrent cependant à loger ensemble, à travailler et à prier de concert, maintenant de leur mieux, sauf l’habit, l’unique groupe dont la vie d’obéissance claustrale n’avait, pour ainsi dire, pas eu d’interruption.

Le réveil des vocations, conformes aux conseils évangéliques, fut hâté par les dispositions de la société elle-même, ses tendances et jusqu’à ses goûts. Les progrès de la pédagogie en particulier, l’importance extrême attachée à ce qui touche à l’éducation de l’enfance, aristocratique et ouvrière, contribuèrent, dans des proportions considérables, semble-t-il, à introduire de nouveau, parmi nous, les représentants des familles monastiques disparues, ou bien à leur susciter des imitateurs et des émules, sous des robes non moins variées et dans des cadres plus modernes. La royauté ne nourrit plus contre eux les mêmes défiances que Napoléon ; ses ministres cessèrent d’en prendre ombrage : au moins pour un temps, la liberté acheva de réconcilier leur développement avec l’opinion.

Nos traditions hospitalières ne se démentirent pas : Lyon fut fidèle aux coutumes des plus beaux âges de foi ; ses portes, sa confiance, ses bourses ne furent