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histoire des églises et chapelles de lyon

surmonte l’autel. Il n’y a plus à dire qu’une simple tradition l’attribue à Servandoni ; l’œuvre est bien de l’habile artiste, et elle lui fait honneur ; il en avait donné le dessin et la maquette. « J’ai reçu la somme de 300 livres pour les frais des dessins, et 200 livres pour le modèle que je fis, et dont je quitte. À Paris, le 17 décembre 1738. Chevalier Servandoni. » La commande des marbres « destinés au nouveau sanctuaire » fut faite aux frères Dorel, de Vevey en Suisse ; on stipule qu’ils seront fournis conformément aux dessins de Delamonce. Cette commande comprenait le pavé riche et nuancé qui entoure le baldaquin, les marches et les gradins de l’autel, les quatre colonnes du ciborium, lesquelles auront 1 pied 8 pouces 3 lignes de diamètre à la base et ne pourront être composées de plus de deux quartiers ; les quatre fûts, « finis, lustrés et posés », sont payés 1.700 fr., les Chartreux donnant toutefois la nourriture aux ouvriers qui en achèveront le poli et en feront le posage. En 1738, les marbriers déclarent avoir fourni 2.500 carreaux ou frises pour le pavé, quatre colonnes en huit pièces, et environ 30 pieds de marches, le tout en marbres de Suisse, et rendu à leurs frais jusqu’au Regonfle du Rhône.

Les travaux de sculpture sont dus à différents artistes : Chabry exécute « quatre têtes d’anges avec leurs ailes pour être mises aux coins du tombeau du double autel (sous le baldaquin) et les portes des deux tabernacles, l’une représentant le Bon Pasteur, l’autre ce qui conviendra le mieux » ; les têtes d’anges n’existent plus. Le même Chabry est l’auteur des deux culs-de-lampe qui soutiennent les statues de saint Bruno et de saint Jean-Baptiste ; il sculpta également les quatre bas-reliefs, aujourd’hui mutilés, « en tête et à l’extrémité des formes (stalles), avec chacun sa gloire au-dessus, d Les sujets représentés étaient : le martyre de saint Jean-Baptiste ; le martyre de saint Étienne ; David jouant de la harpe, avec un ange tenant devant lui un livre de musique ; un concert d’anges ; « le tout avec les attributs et décorations qui conviennent, et exécuté, dit la convention, avec l’habileté et la délicatesse ordinaire dudit sieur Chabry. » Il reçut trois cents livres pour son travail, et deux louis d’or comme témoignage du contentement des pères. Chabry donna seulement le dessin des agrafes des autres grands panneaux des stalles. C’est le sieur Vanderheyde qui fit la boiserie remarquable du fond du chœur, les dessins étant fournis par Chabry, et les parcloses ou séparations des stalles ; on lui doit encore la sculpture des cadres des deux tableaux, « l’un représentant l’Ascension de Notre-Seigneur, l’autre l’Assomption de Notre-Dame, destinés à être mis aux côtés du grand autel, aux archivoltes des croisées du nouveau sanctuaire œuvres de M. Trémolière, peintre de l’académie de Paris. » Ces deux belles pages de peinture étaient un cadeau de la sœur du prieur, Marie Prenel, veuve Descombles. Du même sculpteur, Vanderheyde, sont enfin les cadres des deux tableaux qui ornent le chœur : le miracle de saint Anthelme et une copie non signée, du martyre de saint André, fresque du Guide dans l’église Saint-Grégoire à Rome.

Tous ces travaux se font avec lenteur, au fur et à mesure des ressources ; ils s’échelonnent de 1735 à 1749. Durant cet espace de temps, le nom de l’architecte Delamonce est cité fréquemment dans les papiers du monastère ; tout se fait par son ordre ou d’après