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histoire des églises et chapelles de lyon

de M. Fond, on pénètre à la sacristie en traversant la chapelle du Crucifix. Le tableau n’est pas sans valeur : en haut, sur la frise, quatre toiles représentent les évangélistes. Cette chapelle était autrefois sous le vocable de Saint-Antoine ; elle avait été bâtie par l’échevin Antoine Mallo, et consacrée, disent les titres, bénite peut-être simplement, en 1605, par Mgr Berthelot, vicaire général et suffragant de l’archevêque Claude de Bellièvre. Les notes du couvent parlent du cadeau fait par dom Monteillet, pour cette chapelle, d’un tableau de Blanchet, peintre de la ville, et représentant saint Bruno à genoux devant Notre-Dame.

La sacristie possède des boiseries qui sont en partie de l’année 1620. Des fresques ornaient la voûte. La crédence-autel est surmontée d’une toile insignifiante où saint Bruno en prière est contemplé par des anges. En vases sacrés et ornements, la paroisse ne possède rien de précieux. Jadis une riche donatrice avait fait confectionner des ornements complets en drap d’or, ornés de pierreries, pour les solennités à quinze officiants. Dans la nuit du dimanche au lundi qui suivit la fête patronale de 1847, ils furent enlevés par des voleurs dont on ne put retrouver les traces. Le chœur mérite attention : on reconnaît de suite un chœur d’église conventuelle. Avec leurs panneaux bien développés, et malgré les mutilations stupides pratiquées à l’époque de la Révolution, les stalles sont intéressantes, moins compliquées que celles de certaines cathédrales, mais d’un dessin sobre et élégant. Au-dessus, se trouvent les deux toiles du martyre de saint André et du miracle de saint Anthelme ; à la séparation du chœur et du sanctuaire, les deux statues, œuvres de Sarazin, représentant saint Jean-Baptiste et saint Bruno, cette dernière avec une main maladroitement réparée ; dans deux niches au niveau du sol, des anges dont l’un porte le livre des évangiles, l’autre une couronne d’épines ; au milieu du pavé, un lutrin d’une facture peu commune, et surmonté d’un aigle aux ailes éployées.

Il faut aussi s’arrêter aux détails d’ornementation, lesquels vus de près, au moment où étaient dressés des échafaudages pour réparations, ont émerveillé architectes et connaisseurs. Ils sont conçus dans le goût de l’époque Louis XV, et appartiennent à cette manière que l’on a appelée la rocaille, qui des salons envahissait les églises ; mais ils s’appliquent heureusement aux lignes du style dorique qui est le style de l’édifice et en adoucissent la gravité. Relevés aujourd’hui par la dorure qui aurait dû mettre en saillie les défauts du genre auquel ils ressortissent, ils en accentuent, au contraire, les admirables qualités.

Nous ne saurions mieux conclure cette monographie de Saint-Bruno qu’en disant avec l’écrivain déjà cité : « Lyon possède un monument remarquable, mais rarement visité, soit parce qu’il est à l’extrémité de la ville, soit parce que, en général, l’opinion ne l’estime pas ce qu’il vaut ».