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histoire des églises et chapelles de lyon

à Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, possédait une statuette de la mère des Douleurs, faite du bois miraculeux de Montaigu et qui, pour ce motif, jouissait dans toute la région d’une grande célébrité. D’après l’acte de consécration de 1714, l’église des Augustins avait en outre deux autels sous le vocable de l’Enfant Jésus et de saint Joseph.

Survient la Révolution, et les Augustins, dont la plupart paraissent gagnés aux idées nouvelles, déclarent tous vouloir quitter la vie commune. À ce moment, le faubourg de la Croix-Rousse, constitué en commune autonome, souffrait de ne point former aussi une unité paroissiale. Maintes fois, la municipalité fit entendre, à cet égard, de vives doléances. Enfin le décret du 19 juin 1791 vient réaliser ce désir. La Croix-Rousse est érigée en paroisse constitutionnelle, sous le vocable de Saint-Augustin avec, pour siège, l’église des ci-devant religieux ; on lui adjoint, à titre de succursale, l’église de Cuire qui relevait jusqu’alors, comme annexe, de celle de Vaise, et on la dédie à Saint-Blaise. L’église de la Croix-Rousse subit, au cours de la période révolutionnaire, la destinée commune ; selon les péripéties successives de cette époque orageuse, elle devient Temple de la Raison et Temple Décadaire servant, entre temps, aux séances de la Société populaire et aux Assemblées convoquées pour l’audition des lois.

Le Concordat rend à notre paroisse le vocable de Saint-Denis et lui assigne pour limites, au nord les paroisses de Cuire et de Caluire, au midi les remparts de la ville, à l’est et à l’ouest le Rhône et la Saône. Elle comprenait donc, en son entier, la totalité du territoire proprement dit de la Croix-Rousse. Cette vaste étendue territoriale recevant, au cours du temps, un accroissement de population considérable, dut être partagée successivement en paroisses nouvelles, qui sont : Saint-Charles de Serin érigé vers 1824 ; Saint-Eucher en 1840 et Saint-Augustin en 1851. Ces trois paroisses forment présentement, avec la paroisse-mère, l’archiprêtré de Saint-Denis-la-Croix-Rousse.

Le moment arriva où il fallut songer, pour notre église, à un agrandissement rendu nécessaire par le chiffre d’une population que diverses causes avaient contribué à accroître dans des proportions considérables. L’architecte Chenavard présenta, à cet effet, des plans qui furent agréés. On éleva de 1833 à 1835, à droite et à gauche de l’ancienne église, deux nefs parallèles égalant en largeur celle des chapelles Notre-Dame et Saint-Nicolas qui furent ainsi supprimées. De lourds piliers carrés, avec arcades dans le goût de celles du péristyle du grand Théâtre, prirent la place des murs latéraux. Ils mirent les deux ailes, récemment construites, en communication avec l’ancienne église conventuelle devenue ainsi la nef centrale du nouveau temple.

Vers 1847, l’architecte Joseph Forest construisit le chœur. Il disposa, sur plan carré, quatre piliers massifs, aux arcs puissants, qui porteraient, sans faiblir, un dôme monumental au lieu et place du ciel-ouvert banal dont on les a coiffés ! Ce chœur fut complété par une abside centrale et deux absidioles semi-circulaires correspondant aux nefs latérales. En même temps, fut prolongée, dans le pourtour des nefs, la corniche saillante qui couronne les grands piliers. Les plans de Chenavard subirent encore une nouvelle atteinte en ce que le vaisseau fut surélevé conformément à l’ordonnance du chœur. À cet effet, on supprima le lambris primitif pour y substituer un simulacre de voûtes cintrées.