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notre-dame de la platière

plus distinguées par leur rang et par leurs vertus, les papes mêmes y venoient en personne, avec des présens inestimables, rendre à cette Reine des hommes et des anges leurs plus humbles soumissions et leurs vœux. Celle Dévotion alla si loin que l’on bâtissoit des églises, des chapelles et des oratoires presque par tout, sous le nom de Notre-Dame de Lorette. Ce qui fit prendre le dessein aux Lyonnais de témoigner aussi à la Sainte Vierge, d’une manière plus particulière, leur zèle pour sa sainte maison, en érigeant dans l’église de la Plattière, où ils honoroient déjà si solemnellement son berceau, une chapelle à l’honneur de Notre-Dame de Lorette, où ils pussent se présenter, comme à Lorette même, pour lui rendre leurs respects et leurs vœux, l’y invoquer et l’y visiter, participant ainsi, autant qu’il était en eux, au bonheur de ceux qui y alloient en dévotion. » (La Dévotion ou la Confrérie établie dans l’église de La Platière, Lyon, 1736.)

Il est vraisemblable que les cérémonies mémorables qui se déroulèrent dans l’église de La Platière à l’occasion de l’institution de la fête de l’Octave donnèrent lieu à la création de la confrérie de la Nativité. Quant à l’adjonction du vocable de Lorette, n’est-il pas un peu aventureux de le faire remonter à 1295 ? Il est incontestable que bien avant cette époque il existait à Lorette un sanctuaire dédié à la Nativité, qui était un lieu très fréquenté de pèlerinage. Mais on sait aujourd’hui que la tradition du transport par les anges de la maison de Nazareth, d’abord en Dalmatie, en 1291, et en Italie, en 1295, ne repose que sur une pieuse légende. Elle a pris naissance à la fin du xve siècle, grâce aux écrits d’un certain Pierre di Giorgi Tolomei, de Teramo, dit Terameno, attaché à l’église de Lorette de 1430 à 1473. Animé d’un zèle immodéré, Terameno voulait donner, à l’aide d’un fait surnaturel, une plus grande renommée au sanctuaire auquel il avait consacré son existence. La légende a été authentiquée par des actes pontificaux qui lui ont assuré une longue, quoique superficielle célébrité. Il n’en reste pas moins certain que la confrérie de la Nativité, établie dans l’église de La Platière, honorée d’une bulle du pape Innocent XI, du 4 janvier 1687, est une des plus anciennes de Lyon. Elle s’est perpétuée jusqu’à nos jours, ayant été rétablie en l’église Saint-Louis, lors du Concordat, par un induit du cardinal Caprara, légat en France du pape Pie VII, daté du 28 août 1804. Une ordonnance du cardinal de Donald, du 10 février 1863, transforma le vocable de Saint-Louis en celui de Notre-Dame Saint-Vincent, en souvenir des deux paroisses disparues Notre-Dame de La Platière et Saint- Vincent.

L’octave de la Nativité, depuis le jour où il fut inauguré dans notre petite basilique n’a pas cessé d’être célébré avec une pompe toute particulière au milieu de l’empressement des fidèles. Messire Millet, que nous retrouverons plus loin, raconte ainsi, en termes naïfs, les cérémonies d’une de ces fêtes commémoratives : « L’an mil six cent trente quattre elle huictiesme jour du moys de septembre, la feste de la Nativité Nostre Dame,… le Chappittre des révérendz pères capucins se tenant au couvant du petit Forest appellée par les dis pères maison de noviciat, situé à la montée de la Coste Saint-Sebastien,… le révérend père Gardien de la ditte maison, appelé Rev. père Cyrille, estant deuement adverty de l’ancienne dévotion, laquelle sexerce dans leglise de céans soubs l’intersession de la glorieuze vierge Marie, appelle la Confrérie de Nostre Dame de Lorreytte, cest addressé à