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histoire des églises et chapelles de lyon

Quatre vastes chapelles latérales s’ouvraient, comme on l’a dit, sur la grande nef. Elles ont subsisté jusqu’à la démolition toute récente de l’église. La première, sous le vocable de sainte Thérèse, était ornée d’un tableau représentant la réformatrice du Carmel ; la deuxième, autrefois dédiée à saint Jean de la Croix, passa ensuite sous le vocable des âmes du purgatoire. Au-dessus de l’autel on voyait un tableau signé Cl. Barriot, Lyon, 1867, représentant la Sainte Vierge secourant les âmes souffrantes. À gauche, la première chapelle, dédiée à saint Joseph, était décorée d’un tableau en mauvais état représentant saint Joseph, conduisant l’Enfant Dieu.

Le reste du bâtiment des Carmes se composait, comme dans les autres couvents de l’ordre, d’un grand parloir à l’entrée, au rez-de-chaussée, puis, sur la même ligne, d’un vaste réfectoire et de plusieurs autres salles dont l’enfilade faisait un assez grandiose effet. La galerie du cloître et un escalier desservant le premier étage, où se trouvaient les cellules des religieux, terminaient le claustral du côté nord.

Ajoutons, en finissant, cette description, qu’un petit oratoire, dans une des chambres du cloître, est orné de ravissantes fresques de P. Borel, peintes en 1862, représentant l’Adoration des Mages et la mort de saint Joseph. C’est bien, à notre avis, cette peinture franchement religieuse, évoquant le parfum de l’évangile, inspirée par une ardente dévotion, obtenue au dire de Huysmans, « sans pastiches des primitifs, sans tricheries de corps gauches, sans apprêts et sans dois ». Pour être moins connue, cette œuvre de Borel n’est pas la moins remarquable. Dans la démolition actuelle de la chapelle, ces peintures seront heureusement conservées. Mais reprenons l’histoire du couvent.

Après les années de prospérité, le couvent des Carmes-Déchaussés vit venir l’épreuve, qui n’a pas discontinué depuis plus d’un siècle. En 1789, il ne comptait déjà plus que huit pères et six frères convers. Bientôt éclata la tourmente révolutionnaire ; en 1792, les religieux furent renvoyés dans leurs familles et leurs maisons aliénées comme biens nationaux.

Dans la première moitié du xixe siècle, les bâtiments servirent à différents usages jusqu’au moment où la municipalité les loua et les disposa pour caserner les troupes de passage. En 1848, ils furent occupés par une troupe d’insurgés, appelés Voraces, qui durent s’y trouver bien, car on eut, paraît-il, de la peine à les en retirer à la fin des troubles.

Le célèbre P. Hermann, juif converti et musicien renommé, racheta, en 1860, la maison à l’État pour y rétablir l’ordre du Carmel : les religieux reprirent alors possession de leur ancienne propriété, après l’avoir entièrement restaurée. À cette époque, le P. Hyacinthe Loyson y séjourna à plusieurs reprises et prêcha dans Lyon avec le succès que l’on sait.

Après le 4 septembre 1870, et en vertu d’un arrêté de l’autorité municipale, les religieux durent abandonner leur demeure et se disperser devant une troupe de garibaldiens qui commirent toutes sortes de déprédations. L’église surtout fut littéralement ravagée, l’orgue démonté, les confessionnaux et les bénitiers souillés. Après cette nouvelle tourmente, les Carmes rentrèrent de nouveau en possession de leur maison. Ils n’étaient pas au bout de leurs tribulations. En vertu des décrets du 29 mai 1880, deux commissaires de police, assistés de nombreux agents, pénétrèrent violemment dans le monastère, arra-