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histoire des églises et chapelles de lyon

l’aisance prompte des communications et de l’approvisionnement. Il y avait bien un vieil hôpital dépendant du chapitre de Saint-Paul, mais il était désert d’infirmes, et se réduisait « à une ruine debout ». Tout autour abondaient les vignes et les vergers plantés sur la colline du Greillon.

Le 8 décembre 1492, en vertu tant des lettres patentes de Charles VIII que de la bulle du pape, et du consentement du ministre de la province franciscaine de Bourgogne, donné à Chambéry, le 16 juin de la même année, les Observants entrèrent en possession de leur domaine, qu’aussitôt ils parcoururent et déblayèrent, traçant, dans l’espoir de la venue du roi, le plan du monastère que le monarque avait promis de fonder lui-même.

Leur espoir ne fut pas trompé. « Le gentil guerroyeur, petit mais ramassé de corps et franc d’âme », posa la première pierre de l’église, sept ou huit jours avant la fin de 1493.

« En faubourg de Lyon pour les frères Mineurs,
Il fonda un couvent, puis avec grands seigneurs,
Princes, barons et bande qui frétille.
S’en alla conquérir et Naples et la Sicile. »
Abside de l’ancienne église de l’Observance.

Tels sont les vers attribués à Ronsard. Dès le malin du jour de la cérémonie, le duc de Savoie se rendit au logis du roi Charles VIII qui était déjà prêt » Les deux princes, dit la chronique du Loyal Serviteur, s’embrassèrent d’une amitié qu’il fallait voir, puis montèrent sur leurs mules et allèrent ensemble devisant, le large de la ville, jusqu’au couvent où ils ouïrent dévotement la messe, escortés de toute la cour. Or, le roy et la reine, en voyant grande multitude de seigneurs et de peuple assemblés pour cette cause, apposèrent de leurs mains la première pierre, en signe de tiltre en la fondation de l’église du dit couvent, en laquelle pierre sont figurées et levées leurs armes. » Au-dessous des armes se lisait une inscription dont voici la traduction : « Jésus et Marie. Charles VIII et la reine Anne ont fondé l’église Noire-Dame des Anges, 1493. » L’archevêque de Lyon n’assistait pas à la cérémonie : c’est qu’elle eut lieu pendant le procès entre Hugues II de Talaru et André d’Épinay, ce qui équivalait à une vacance du siège. Jean Rely évêque d’Angers, confesseur du roi « solennellement, en pontifical, célébra la bénédiction de la dite pierre ». Après quoi, Charles prit lui-même par la main.