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les oratoriens et saint-polycarpe

son oncle. La statue du Sauveur agonisant, qu’on trouve dans une des chapelles, a été exécutée par Simon, sur un dessin de Blanchet. »

Toutefois, l’église n’avait pas encore sa façade. Après avoir, le iO mai HoG, sollicité l’alignement et reçu ordre du Consulat de laisser, au-devant de la façade, une largeur de quinze pieds, on confia les travaux à Loyer, architecte de grand renom et successeur de Soufflot, choisi par celui-ci lors de la construction du grand dôme de l’hôpital. La façade de Loyer, plaquée contre le corps du bâtiment, est bien en rapport avec l’église ; elle a de grandes proportions et est assez riche de détails. Le perron et le grand portail sont encadrés de quatre hauts pilastres accouplés avec chapiteaux d’ordre corinthien. On voit, au-dessus, une balustrade et un fronton triangulaire qui occupe toute la largeur de la façade. Au-dessus de la porte d’entrée était un groupe représentant l’Enfant-Jésus au milieu des anges, œuvre de Chabry, fils ; par malheur, des éclats d’obus ont mutilé ce groupe pendant le siège de Lyon. On remarquera aussi les deux grandes portes qui sont d’un beau travail. En même temps que la façade, on construisit la tribune intérieure au-dessus de la porte d’entrée ; cette tribune était loin d’avoir les dimensions de la tribune actuelle construite pour recevoir l’orgue ; elle dépassait un peu le tambour actuel, sa forme et ses dimensions sont indiquées par un dallage correspondant, qui s’est conservé. Les travaux d’achèvement ont donné le change à plusieurs auteurs qui ont écrit que l’église des Oratoriens avait été construite, en 1760, par l’architecte Loyer.

En 1762, les Oratoriens, très en faveur, acceptèrent, après quelque hésitation, l’offre du Consulat de remplacer les Jésuites au grand collège de la Trinité. Ils gardèrent cet établissement jusqu’en 1793, sans abandonner pour cela leur résidence de la rue Vieille-Monnaie. Une de leurs dernières constructions fut, en 1779, une grande maison double près de la porte d’entrée de cette rue, alors sous les numéros 52 et 33, composée de caves, rez-de-chaussée, puits, cinq étages, deux bâtiments doubles séparés par une grande cour, avec une arrière-cour encore au delà. Cette ou plutôt ces deux maisons portent aujourd’hui les numéros 29 et 31.

Les biens des fils de Bérulle devinrent biens nationaux, en vertu de la loi du 2 novembre 1790. Dans sa séance du 5 février 1791, après avoir ouï le procureur de la Commune, on émit le vœu que la ville de Lyon fût divisée en neuf paroisses ; u que la cinquième division du Nord-Est, qui comprendrait tout l’espace depuis la ligne du milieu de la rue Puits-Gaillot, passant à quinze pieds de distance des maisons qui sont au nord de la place des Terreaux, la ligne du milieu de la rue Sainte-Marie, de la grande rue Sainte-Catherine, le milieu de la place neuve des Carmes, le milieu allant de la dite jilace à la porte des Capucins du Petit-Forez, le milieu de la montée de la grande Côte jusqu’à, et y compris, la porte de la Croix-Rousse, les fortifications de la ville jusqu’à la porte Saint-Clair et toute la largeur du lit du Rhône, depuis la porte Saint-Clair jusqu’au pont Morand, eût pour église paroissiale celle des Oratoriens de la rue Vieille-Monnaie, pour église succursale, celle des Feuillants, et pour église-oratoire, celle des Bernardines ».

Ce vœu fut sanctionné par la loi du 19 juin 1791, portant à dix le nombre des paroisses de Lyon. L’évêque saint Polycarpe avait donc enfin son église dans la ville, à laquelle il