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sainte-élisabeth

cession fut faite aux conditions suivantes : les moines verseront 10.300 livres tournois, prix de l’acquisition, plus 8.200 livres tournois, montant des frais payés par les religieuses pour les fondations des murs, très avancés, et pour les dépenses du procès. En retour de ces deux sommes, les sœurs s’engagent à payer 400 livres par an comme loyer de la maison qu’elles occuperont pendant deux ans et qu’elles abandonneront ensuite définitivement aux Pères. Le contrat fut signé dans la chapelle des religieuses, le 24 mars 1656, en présence de Gabriel Bouilloulx, sieur de la Roche, avocat en Parlement ; Michel Brudo, prêtre habitué de l’église de Lyon ; Flory Gretay, bourgeois, et Michel Roy, maître maréchal.

Il y avait alors en vente au faubourg de Vaise, près de l’Observance, la maison des Deux-Amants ; on l’acheta, et le 10 janvier 1657, le second monastère de Sainte-Élisabeth fut installé. La maison des Deux-Amants fut bâtie à neuf, ornée d’un cloître élégant et fort spacieux. Elle était située un peu plus loin que la chapelle de l’Observance, sur le bord de la Saône, à peu près vers le portail de l’École vétérinaire actuelle. L’habitation des religieuses est devenue celle des professeurs et des élèves et l’on a pris, pour le reste de l’école, une partie des bâtiments du couvent des Cordeliers de l’Observance, contiguë à celui des Deux Amants.

Troisième monastère : les Colinettes.

Une pieuse pensée fut cause de la fondation du troisième monastère Sainte-Élisabeth dit des Colinettes. Après une mission prêchée à Verjon, près de Coligny (Ain), le marquis de Coligny, touché par la grâce, résolut de consacrer une partie de ses biens aux bonnes œuvres. Se trouvant de passage à Roanne, où existait une petite communauté de religieuses Sainte-Élisabeth, fille du couvent de Bellecour, la supérieure de ce monastère lui fit connaître les charges et l’insuffisance des revenus de sa maison ; le marquis, saisissant cette occasion, offrit de retirer cinq religieuses dans son château de Verjon. Le projet fut agréé des supérieurs, et le 1er septembre 1659 eut lieu l’installation de la petite colonie.

Deux ans plus tard, le marquis et la marquise, couronnant leurs libéralités par une charité plus insigne encore, firent don de trente mille livres pour être employées à une nouvelle fondation. On essaya d’abord à Montluel, puis on se tourna du côté de Lyon ; malgré son empressement, le pieux gentilhomme ne put voir réaliser son dessein et mourut en 1664. Sa veuve n’épargna ni ses soins, ni ses peines, ni ses biens, pour obtenir du Consulat lyonnais et de l’archevêché les permissions nécessaires ; mais les obstacles paraissaient si nombreux, qu’il semblait impossible de mener à bien ce projet. Néanmoins, grâce à la protection de Camille de Neuville, à l’autorisation du Consulat, accordée le 22 septembre 1665, l’énergique persévérance de la marquise parvint à triompher des dif-