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histoire des églises et chapelles de lyon

l’avaient remplacé, de par la volonté des peintres, des doreurs sur bois et des vitriers, qui n’avaient pas reculé, en 1619, devant une espèce d’émeute, pendant une grand’messe, et avaient député au célébrant un huissier, porteur d’une sommation judiciaire. Plus haut saint Bernardin de Sienne était honoré par la corporation des bouchers, plus spécialement, je pense, par ceux dont les étaux s’abritaient sous les boutiques, louées par l’Hôlel-Dieu. La chapelle actuelle de la Sainte Vierge en renfermait alors trois, séparées et closes ; l’érudit écrivain des Grands Cordeliers, l’abbé Pavy, n’a pas su les distinguer et il a placé, parmi elles, une chapelle de Notre-Dame de Grâces, qui n’a jamais existé en cet endroit. Voici leur ordre véritable, en allant de bas en haut : d’abord Saint-Nicolas, l’Assomption ensuite, en dernier lieu Saint-Bonaventure et, dès 1662, en concomitance, Notre-Dame de Bonne-Délivrance. Les marchands, bateliers, négociants et voituriers par eau se réservaient Saint-Nicolas, jadis sous l’invocation de Notre-Dame du Chapelet ; il est probable qu’ils avaient contribué à sa reconstruction, en 1572, après que les Protestants l’eurent démolie, pour s’ouvrir un passage plus commode dans le verger du monastère. L’Assomption fut cédée, par contrat du 4 mars 1515, « aux ouvriers du métier de tissoterie ». Le Prévôt des Marchands et les Consuls intervinrent et, comme si les religieux avaient eu le pressentiment de la prospérité future de cette corporation de la soierie, leur chapitre, à son égard, usa des plus larges et des plus gratuites concessions. Avec la chapelle Saint-Bonaventure, ou de la Délivrance, nous louchons d’après le témoignage de Bazin, à la partie la plus curieuse et la plus riche de l’église ; mais il convient de le citer ; il a vu ce qu’il décrit. « Les peintures, dit-il, en sont fort belles ; elles consistent en figures, en fleurs et en ornements dont la voûte même est remplie, où différents peintres ont travaillé et tous les cadres en sont dorés. La grande balustrade, qui la ferme, et celle où l’on communie sont des mieux travaillées de tout le pays. Les panneaux d’ornement en feuillage, relevés sur le fer, les chapiteaux, les corniches, les bases et les pilastres sont de bronze, avec des têtes d’aigle qui servent de naissance aux ornements desdits panneaux ; et le tout y est fort artistement mêlé avec le fer, ce qui fait un très-bel effet. Enfin tout l’autel, depuis la voûte jusqu’au plain-pied, en est d’or. En outre des figures de saint Joseph et de sainte Marguerite, de sainte Reine et de sainte Apollonie, on y voit deux grands anges dégagés et comme en l’air aux extrémités d’un gros pavillon à fleurs damassé et à franges d’or, qui en occupe tout le fond, d’une manière très riche et tout à fait agréable. » C’est, je pense, dans le haut de ce retable, que, par un lanternon vitré, on apercevait le buste de saint Bonaventure, enfermé dans un cabinet-oratoire supérieur, ouvrant en dehors sur l’escalier du dortoir. Ce reliquaire n’était descendu, qu’une fois l’an, et exposé, pendant l’octave de la fête, à la vénération publique. Pour Notre-Dame de Délivrance « Virgo in expectatione Partus », la confrérie convoquait ses membres dans la neuvaine qui précédait Noël ; les jeunes épouses, averties d’une maternité prochaine, y couraient en foule ; elles venaient faire bénir les langes qu’elles avaient brodés, et fréquemment leur première sortie, après la naissance de leur enfant, les conduisait aux pieds de la Madone bienveillante ; elles plaçaient le nouveau-né sur l’autel même, comme pour le rendre et le vouera la Mère de Dieu, qui en avait, miraculeusement quelquefois, favorisé la venue. Deux brefs