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saint-bonaventure

quête paroissiale, où chaque famille fut visitée et sollicitée, produisit 18.786 francs. Le succès n’était donc plus qu’une affaire de temps, mais le temps hélas ! devait manquer à l’ardent ouvrier, dont la vaillance avait emporté tous les obstacles, et la sagesse conquis les sympathies et les ressources indispensables. Une mort imprévue emporta l’abbé Jordan, le 2 décembre 1843, et, selon le mot si souvent vérifié de l’Écriture, une autre main moissonna ce que la sienne avait semé : alius est qui seminat et alius est qui metet.

Le champ advint à beau preneur. Ordonné en 1813, pendant les Cent-Jours, M. l’abbé Vincent Pater, avant d’être envoyé à Saint-Bonaventure, sa dernière étape, avait été tour à tour vicaire à Charlieu et à Saint-Louis de la Guillotière, curé à Briguais, en 1822, à Vaise, en 1829 ; sur ces divers théâtres, on avait apprécié son zèle charitable, son esprit de conciliation, une dignité de tenue remarquable et le plus profond amour de son état. En se séparant de lui, dans la sincère tristesse de leurs adieux, les membres de la fabrique de Saint-Pierre de Vaise lui adressèrent ce délicat compliment : « Comme preuve de notre estime, de notre respect et de notre affection, nous demandons à Dieu de ne jamais donnera notre paroisse que des pasteurs qui vous ressemblent. » J’ignore pourquoi, mais, dans le nouveau milieu qu’il abordait, M. Pater rencontra des préventions, éveilla des susceptibilités qui ne cédèrent pas tout de suite ; dans son troupeau, il compta des réfractaires ; toutefois il n’attendit pas que les nuages fussent dissipés, pour s’attacher vivement à sa besogne et reprendre les plans, suspendus par le décès de son prédécesseur. Énumérer toutes les parties de l’œuvre matérielle, qui absorba ses efforts, pendant les seize années de son administration, me paraît à peu près impossible et serait trop long ; je voudrais au moins, pour l’édification du lecteur, en noter les principales, les plus saillantes, et on me permettra de les ranger succinctement, année par année, dans une courte et simple mention.

1844. Dallage entier de l’église, en pierre de Tournus, et carrelage de la chapelle de la petite abside droite, dite du Christ ou du Crucifix. Consécration le 13 octobre, par Mgr Épale, évêque missionnaire en Océanie, de l’autel du Christ, œuvre du sculpteur Prost.
1845. Pose de plusieurs verrières, dans la grande nef, sortant des ateliers lyonnais de Georges Muller et de Brun. Restauration des voûtes. Ouverture, dans le chœur, d’un double arceau, communiquant avec la nef de gauche, à la place où les reliques de Saint-Bonaventure avaient longtemps demeuré. Adjudication du maître-autel ; Fabisch est écarté ; la préférence accordée à Duret et Alanzio, sur un rabais de 25 %. Le dessin du corps de l’ouvrage et des sept statues, qui ornent le tombeau, est du crayon de M. Benoît, architecte. Inauguration et bénédiction de l’orgue ; le prédicateur de la solennité fut M. l’abbé Pavy, professeur d’histoire ecclésiastique et doyen de la Faculté de théologie, futur évêque d’Alger, ancien vicaire de la paroisse.
1846. Démolition du mur, qui ferme la chapelle de Saint-Fortunat, fondée jadis par des marchands de la ville de Troyes. Elle sera désormais dédiée au Sacré-Cœur de Jésus. Un paroissien de haute dévotion, M. Antoine-Matthieu-Vincent Guiller-