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intérêt archéologique. Grâce à cet enlèvement, une partie de ceux-ci ont été conservés : Meynis indique comme en provenant « les colonnettes qui décorent aujourd’hui la chapelle de Saint-Martin d’Ainay », c’est-à-dire la chapelle Saint-Joseph ; le musée municipal possède de son côté, outre deux inscriptions funéraires à la mémoire l’une de Pierre Bullioud, décédé le 14 janvier 1575, l’autre de Claude Bellièvre, décédé en octobre 1557, un très curieux bas-relief qui surmontait le portail.

Cette pièce représente à gauche un monument octostyle, dont les colonnes libres et les arceaux à plein cintre supportent un dôme étagé ; à droite, un groupe est formé par saint Pierre tenant les clefs de la main droite, et, devant lui, un personnage, vraisemblablement l’artisan du monument. Une double légende accompagne ces figures, qui pourrait être d’un grand intérêt pour l’histoire de l’édifice si le sens n’en était presque incompréhensible. Artaud en a tenté une interprétation fort hasardée ; plus sage, Commarmond s’est borné à la publier, à peu près exactement

Le bas-relief ayant été reproduit tout entier en tête de notre notice, nous retiendrons seulement la dernière partie de la légende. Celle-ci semble pouvoir être interprétée : Hoc monumentum Villelmus Benedicti (fecit ou ædificare fecit), Guillaume, fils de Benoît, a édifié ou fait édifier ce monument. Si le monument figuré représente Saint-Pierre-le-Vieux, quel était ce Guillaume qui en fut l’artisan ? Le patronage de l’église appartint plus tard à l’archidiacre de Saint-Jean ; faut-il ciiercher cet artisan parmi les chanoines revêtus de cette dignité ? Un Guillaume de Coligny en exerça précisément les fonctions pendant de longues années à la fin du xiie siècle. Le nom de son père n’est pas connu, mais, nous ne croyons pas qu’il puisse être identifié avec le Guillaume du bas-relief. Du reste celui-ci n’est-il pas d’une époque antérieure ?

Nos vieux chroniqueurs lyonnais, réduits aux conjectures quant à l’origine de Saint-Pierre-le-Vieux, ont donné ample carrière à leur imagination toujours féconde. Bullioud, qui les résume, mentionne la légende qui rattache la construction de cette église au passage à Lyon de l’apôtre saint Paul. Ce serait sur les exhortations de celui-ci que les premiers chrétiens de la cité auraient élevé ce sanctuaire et l’auraient placé sous le vocable du prince des apôtres. Saint-Pierre-le-Vieux serait ainsi la seconde des églises lyonnaises ; la première étant celle édifiée en l’honneur de la Vierge Marie ; la troisième, construite peu après, aurait été dédiée à Paul de Tarse lui-même.

Sans faire cette version absolument sienne, Bullioud indique, comme témoignage de la très haute antiquité de Saint-Pierre-le-Vieux, la forme primitive du monument, — il n’observe pas que, quelques lignes plus bas, il mentionne des destructions et reconstructions successives, — la grossièreté des matériaux employés, la situation un peu cachée et presque souterraine, enfin l’existence de certaines pierres tumulaires si anciennes, dit-il, que le souvenir des familles auxquelles elles se référaient avait à peu près disparu. Et, comme la vanité ne perd jamais ses droits, il place, parmi ces très anciens monuments, « à la porte de l’entrée principale », celui des Bullioud. Sans remarquer qu’il parle lui-même d’une simple inscription familiale, cum insculpta parva gentilitia, il cite comme y figurant un Étienne en 1160 et, en 1250, Jean, capitaine et prévôt du cloître du palais de l’ar-