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histoire des églises et chapelles de Lyon

Pourquoi ce respect pour les dépouilles des défunts ne s’est-il pas perpétué jusqu’à nos jours ?

À cette histoire de Saint-Alban doit être rattachée celle de l’aumônerie de la prison voisine dite de Roanne, et dont l’abbé Perrin fut la plus belle illustration. Le souvenir de ce dernier reste encore, après soixante ans, présent à la mémoire de beaucoup de Lyonnais, et sans doute est-ce ici le lieu de le rappeler en quelques mots.

André Perrin naquit à Feurs le 29 juillet 1753. Ses premières années se « passèrent au milieu d’une famille chrétienne, qui lui inspira de bonne heure la pensée d’entrer dans les ordres. Après avoir terminé ses études au séminaire de Saint-Charles, qui dépendait de la paroisse de Saint-Nizier de Lyon, il fut nommé vicaire de Feurs, et remplit pendant quatorze ans ses fonctions pastorales avec le dévoûment et l’abnégation qui furent la règle de sa vie ». Quand la Révolution voulut exiger de lui le serment de la Constitution civile, il refusa de le prêter. La conséquence de ce refus, c’était l’exil, et le digne prêtre s’y résigna. Il se mit en route vers la fin de septembre 1792, non sans se retourner plusieurs fois, vers sa famille et ses chers paroissiens.

Arrivé à Lyon, l’abbé Perrin y obtint, par l’entremise de son frère, un passeport pour la Suisse, sous le nom de Rimper, anagramme de son nom véritable, et il se disposa à gagner la frontière en se faisant passer pour voyageur de commerce. À travers des dangers sans nombre, il atteignit la frontière de Savoie où il faillit être reconnu fâcheusement pendant la visite des passeports à la douane du Pont de Beauvoisin.

Après Thermidor, l’abbé Perrin revint en France, mais il dut, comme tant d’autres prêtres, se cacher pour son ministère, qu’il accomplissait tantôt dans une maison, et tantôt dans une autre. « Un jour qu’il disait la messe dans la chambre d’un boulanger du faubourg de Vaize, nommé Olésat, un homme de la municipalité, en conséquence d’une dénonciation portée contre le vertueux prêtre, lui intima l’ordre de le suivre à la commune ; mais à peine y était-il arrivé qu’un autre municipal, nommé Prost, lui dit à voix basse : « Sortez, on ne vous voit pas, on arrangera le reste. » L’abbé Perrin fut de nouveau réduit à se cacher : retiré au faubourg Saint-Just, il y continua secrètement l’exercice de son ministère, et se vit encore plusieurs fois sur le point d’être arrêté. Après le Concordat « il fut d’abord attaché à l’église Saint-Jean en qualité de chapelain, mais, bientôt après, M. Claudin, son ami, curé de cette métropole, et qui avait deviné l’apôtre futur, le fit nommer aumônier de la prison de Roanne ».

Là, il se trouvait dans le milieu qu’il avait souhaité. Le dimanche, raconte un de ses biographes, « il dit la messe à ses prisonniers ; tous y assistent avec recueillement ; et l’ascendant de cet homme de bien sur les natures les plus perverties est tel, qu’ils feignent, au moins devant lui, les sentiments qu’il voudrait faire germer dans leurs cœurs. Après la messe, l’abbé Perrin leur fait une espèce de prône, peu long, peu brillant, car ce n’est point un orateur que l’abbé Perrin ; mais les paroles, chez lui, partent du cœur pour arri-