Page:Martin du Gard - Le Cahier gris.djvu/199

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puisque sa tante, en train de la coiffer, venait d’être appelée auprès de M. Thibault, et l’avait plantée là, les cheveux au vent, lui faisant promettre d’être sage.

— « Qui a sonné ? » demanda-t-il.

— « M. l’abbé. »

Jacques fronça les sourcils. Elle se hissa sur le lit, à son côté :

— « Pauvre Jacquot », murmura-t-elle. Cette affection lui fit tant de bien que, pour la remercier, il la prit sur ses genoux et l’embrassa. Mais il avait l’oreille au guet :

— « Sauve-toi, on vient ! » souffla-t-il, en la poussant vers le couloir.

Il eût à peine le temps de sauter à bas du lit et d’ouvrir un livre de grammaire. La voix de l’abbé Vécard s’éleva derrière la porte :

— « Bonjour, ma mignonne. Jacquot est par ici ? »

Il entra et s’arrêta sur le seuil. Jacques baissait les yeux. L’abbé s’approcha et lui pinça l’oreille :

— « C’est du joli », fit-il.

Mais l’aspect buté de l’enfant lui fit aussitôt changer de manière. Avec Jacques il agissait toujours prudemment. Il éprouvait