Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/111

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termes mesurés, que démentaient ses grosses mains fermées et ses coups de tête en avant. « Cette… méfiance, à l’égard de ton père… »

— « Tout le monde peut se tromper. La preuve ! »

— « La preuve ? »

— « Écoute, père, inutile de se fâcher. Je pense que nous voulons l’un et l’autre la même chose : le bien de Jacques. Quand tu sauras dans quel état de déchéance je l’ai trouvé, tu décideras, tout le premier, que Jacques doit quitter le pénitencier au plus tôt. »

— « Ça, non ! »

Antoine s’efforça de ne pas entendre le ricanement de M. Thibault.

— « Si, père. »

— « Je te dis : non ! »

— « Père, quand tu sauras… »

— « Est-ce que tu me prendrais pour un imbécile, par hasard ? Est-ce que tu supposes que j’ai attendu tes renseignements pour savoir ce qui se fait à Crouy, où, depuis plus de dix ans, je passe tous les mois une inspection générale, suivie d’un rapport ? Où rien ne se décide sans avoir