Page:Martin du Gard - Le Pénitencier.djvu/64

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Et comme Antoine hésitait, interdit : « Tu veux bien ? »

— « Mais », fit Antoine, « ça ne va pas faire d’histoires ? »

— « Non, non. En t’en allant, dis-lui au revoir, gentiment, et glisse-lui un petit pourboire… Tu veux ? » Son attitude était presque suppliante.

— « Bien sûr. Et toi, vraiment, réponds, tu n’es pas malheureux ? »

— « Mais non ! » répliqua Jacques avec une imperceptible nuance d’humeur. Puis, baissant encore la voix : « Combien lui donneras-tu ? »

— « Je ne sais pas. Combien ? Dix francs, est-ce bien ? Veux-tu vingt francs ? »

— « Oh, oui, vingt francs ! » fit Jacques, avec une sorte de joie confuse. « Merci, Antoine. » Et il serra la main que son frère lui tendait.


Le garçon passait dans le couloir, comme Antoine sortait de la chambre. Il accepta le pourboire sans hésiter, et sa figure franche, un peu enfantine encore, rougit de plaisir. Il conduisit Antoine au bureau du directeur.