Page:Martineau - Mémoire sur quelques affaires de l'Empire Mogol (Jean Law de Lauriston 1756-1761), 1913.djvu/382

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au grenadiers dont j’ai parlé ci dessus. Ceux-ci au lieu de rejoindre la colonne continuoient leur chemin sans seulement regarder derrière eux. Nous eûmes beau leur crier de se replier, ils n’entendoient ni voix ni tambour. C’étoit fait d’eux, si je n’avois marché sur le champ avec tout l’avant garde composée d’Européens et de sipayes. Malgré la plus grande diligence, nous eûmes de la peine d’arriver à tems ; les quatre ou cinq grenadiers avoient déjà déchargés leurs fusils sur les cavaliers qui fonçoient. Notre avant-garde à peine formée donna une salve dont heureusement presque tous les coups portèrent. Quelques chevaux tombèrent morts et beaucoup de cavaliers furent tués ou blessés. Quelques uns même des plus hardis reçurent des coups de bayonnettes[1] qui, tenant mieux dans leur corps qu’aux fusils, furent emportées. L’ennemi à la fin tourna bride et s’arrêta à une petite distance sur une élévation d’où il examina notre contenance. Nous comptions qu’il aller tourner son effort sur la queue de la colonne dont nous étions éloignés et qu’il pouvoit croire n’être pas gardée, mais une petite pièce nous ayant joint, je fis tirer quelques volées qui le déterminèrent à se retirer au village. Dans cette attaque qui fut la dernière, nous eûmes l’occasion d’admirer le

  1. [Rao Dourdjousingue envoya de ces bayonnettes à Soudjaotdola qui m’écrivit pour en avoir et qui en fit faire de pareilles, assés bonnes.]