Page:Martinov - De la langue russe dans le culte catholique, 1874.djvu/11

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politique. Cela n’empêche nullement d’interroger l’histoire ou de s’engager dans des recherches statistiques et ethnographiques, sans lesquelles, d’ailleurs, on ne comprendrait pas de quoi il s’agit ; on se méprendrait sur le véritable caractère de la mesure décrétée par le gouvernement russe et on serait obligé de rester dans les abstraites régions des principes.

Voilà pourquoi il nous paraît comme impossible de traiter de l’introduction de la langue russe dans le culte catholique, sans avoir auparavant fait connaître au lecteur le pays où l’on a résolu d’établir cette innovation, les peuples qui y sont le plus intéressés, leur origine, leur langue, leur passé historique et religieux. Après ce travail préliminaire, nous retracerons l’historique de la question agitée, ainsi que les intéressants débats qu’elle avait suscités dans les sphères officielles, ceux, en particulier, qui tendaient à faire rejeter la mesure proposée et qui étaient soutenus par les Russes eux-mêmes. Enfin, nous examinerons la question en elle-même, au double point de vue du principe et du fait, et après avoir mis dans la balance les arguments apportés par les parties adverses, nous tirerons les conclusions. Telle est la trame du travail que nous commençons aujourd’hui et la marche que nous nous proposons d’y suivre.

I

Les provinces de l’ouest de la Russie dont nous avons à parler embrassent tout l’espace compris entre la Courlande, la Livonie, la Russie intérieure, la Galicie, la Pologne et la Prusse. Elles forment aujourd’hui neuf gouvernements qu’on peut partager en trois groupes. Le premier, ou la Lithuanie proprement dite, se compose des provinces de Kovno, Vilno et Grodno. La Russie Blanche, avec ses trois gouvernements de Vitebsk, Mohilev et Minsk, forme le second groupe, qu’on comprend parfois sous le nom de Lithuanie pris dans un sens plus large. Enfin les gouvernements de la Volhynie, de la Podolie et de Kiev, qu’on appelle la Petite-Russie on l’Ucraine polonaise, constituent le troisième groupe[1].

  1. Voir la carte ci-jointe, où chaque groupe est marqué d’une couleur distincte.