Page:Martinov - De la langue russe dans le culte catholique, 1874.djvu/44

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général Potapov, qui occupe encore le poste de gouverneur général de Vilno, font-ils un contraste sensible avec leurs deux prédécesseurs dans la même charge.

Lorsque, en 1868, l’administration des provinces nord-ouest fut confiée au général Potapov, la question de la russification du culte catholique était déjà bien avancée ; elle n’avait encore aucun caractère légal, mais elle était déjà à l’étude au ministère de l’intérieur, dont relèvent les affaires des cultes étrangers et auquel l’avait soumise le comte Baranov.

La question a dû être portée à un comité spécial composé de ministres et des plus hauts dignitaires, désignés par l’Empereur ; le grand-duc Constantin présidait les réunions et le comte Sievers, directeur des cultes étrangers, faisait les fonctions de secrétaire[1]. C’était en décembre 1869. Dès les premières séances, l’opinion prépondérante inclinait du côté de l’introduction immédiate de la langue russe à la place du polonais. Toutefois, avant de prendre une mesure définitive, on voulut entendre l’avis des gouverneurs généraux de Kiev et de Vilno, le prince Dondukov-Korsakov et le général Potapov, qui furent mandés exprès dans la capitale. Le prince Dondoukov opina que l’introduction pure et simple de la langue russe n’était pas possible par la raison qu’il existait un ukaze de l’empereur Nicolas qui le défend formellement ; qu’il fallait, avant toute autre chose, lever cet interdit, en rapportant la loi susdite, et, en attendant, permettre l’usage du russe dans le culte catholique supplémentaire.

Cette opinion modérée a été partagée, par plusieurs membres du Comité : c’étaient Timachev, ministre de l’intérieur, le comte Shouvalov, chef de police, le comte Adlerberg, ministre de la cour, Bobrinski, ministre des travaux publics, Reitern, ministre des finances, Pahlen, ministre de la justice et le général Potapov. L’opinion contraire a été soutenue par le grand-duc Constantin auquel ont adhéré le ministre de la guerre, Milutine, celui des domaines, Zélény, le ministre de l’instruction publique, comte Tolstoy, le président du conseil des ministres, prince

  1. L’auteur anonyme des Persécutions est dans l’erreur lorsqu’il dit que ce comité spécial avait pour président le comte Sievers, et, parmi les consulteurs, le P. Stuciewics, dominicain, et M. Pichler, le trop fameux apostat bibliophile (p. 74).