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disant : « J’ai fait mon devoir, faites le vôtre. » Il fut déporté dans la province d’Archangel.


VII

Il nous reste à examiner la question elle-même, à peser les arguments pour et contre et à voir de quel côté penche la balance. Les deux termes qu’on veut rapprocher, savoir le culte catholique accessoire et la langue russe sont-ils compatibles, et, s’ils le sont, doit-on les unir ? — Poser ces deux questions, c’est établir la distinction du principe et du fait, distinction qui est ici de la première importance.

En effet, la question dont il s’agit peut et doit être considérée sous ce double aspect. En thèse générale et en théorie, il n’y a aucun doute que la langue russe peut être employée dans le culte catholique a l’égal du polonais, de l’allemand, du français ou de tout autre idiome. Il est tout à fait indifférent pour l’Église qu’on se serve de telle langue ou telle autre pour annoncer la parole de Dieu, enseigner la doctrine, faire des prières publiques et célébrer des cérémonies différentes de la liturgie proprement dite. Le Saint-Siège a toujours soutenu le principe que, par exemple, l’enseignement religieux et la prédication doivent se faire dans la langue vulgaire de chaque peuple et la raison en est évidente : il faut avant tout que les fidèles comprennent ce qu’on leur enseigne.

Mais la langue peut cesser d’être indifférente selon les circonstances dans lesquelles ou la trouve placée et suivant le but qu’on se propose en l’employant. Ici, ce qui était acceptable en théorie peut ne pas l’être en pratique. Nous en avons une preuve frappante dans la conduite que la Russie a tenue à diverses époques dans la question même dont il s’agit. Ainsi, du temps de l’empereur Nicolas, l’usage de la langue russe a été formellement défendu aux prédicateurs catholiques. Aujourd’hui, l’interdit est levé et la faculté est accordée de se servir du russe non seulement dans l’enseignement du catéchisme, mais encore dans les cérémonies accessoires de l’Église et la prière publique. Nous voilà donc en présence de deux décrets contradictoires. Dira-