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PRÉCIEUX ET PRÉCIEUSES

points des vieux partis littéraires et renfermait dans son sein plus d’un admirateur arriéré de la Pléïade. Nous trouvons, dans Véritables prétieuses, diverses preuves de ce fait plusieurs fois indiqué par M. Sainte-Beuve. Les vers suivants, par exemple, lus par Picotin, le poète de l’assemblée, semblent appartenir à Du Bartas :

Oh ! je sens que l’amour, ce frétillant nabot,
Drisle dedans mon cœur, comme les pois en pot ;
Il virvolte, il se tourne, il y fait la patrouille,
Sautille comme en l’eau feroit une grenouille.

La Clef, rédigée par M. Livet, est loin d’être une simple nomenclature, et pourrait passer à juste titre pour le premier crayon d’un Dictionnaire historique et anecdotique du xviie siècle.

Quel plaisir causerait un livre de ce genre, où, sans se déranger, sans courir d’un ouvrage à un autre, on trouverait sous chaque nom les témoignages contemporains rapportés dans toute leur étendue !… Il y a bien des articles qu’on pourrait abandonner au copiste en lui remettant le travail de M. Livet, car le cadre est tracé d’avance et les passages à consulter sont indiqués avec soin. On doit seulement regretter que les sources les plus connues, mais aussi les plus importantes, semblent avoir été négligées à dessein. S’agit-il, par exemple, de cette Madame Cornuel, dont les mots spirituels ont tous un tour si vif, si récent, qu’on les croirait prononcés d’hier, l’auteur nous indique en grand détail les endroits où il est question d’elle dans Tallemant, dans Vigneul-Marville, dans la Meynardière, mais il ne dit rien des nombreux passages des lettres de Mme  de Sévigné, qui l’ont surtout fait connaître à la plupart des lecteurs.

Quand bien même M. Livet n’eût pas joint à sa publication ses excellentes recherches, le simple rapprochement des ouvrages de Somaize aurait suffi pour éclairer