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Lettre à M. Michel Bréal
sur la Sémantique

Cher Monsieur,

Les renseignements que vous me demandez si aimablement ne me seraient pas faciles à trouver quand même j’aurais ma bibliothèque à ma disposition ; vous êtes de ceux à qui il faut tâcher de ne rien dire de banal, de connu, sous peine de paraître, suivant le proverbe latin, porter du bois à la forêt et, d’un autre côté, les observations neuves et personnelles sont rares lorsqu’on est pris au dépourvu et qu’on n’a sous la main que deux livres, à la vérité bien différents : les Amours de Ronsard, que je vais publier à mon retour, et le Pêcheur d’Islande, de Loti, que je suis en train de lire à ma femme.

Faute d’autres ressources, je vais chercher ce qu’ils me peuvent fournir sur l’étendue, la variété et parfois la contradiction des acceptions et des sens, en suivant le mieux que je pourrai les procédés que vous avez mis en usage dans la seconde partie de vos mots latins, et surtout dans le mémoire où vous avez si finement expliqué le mot sublime.

Je laisserai de côté la pathologie verbale, n’ayant en ce moment rien de particulier à vous soumettre à cet égard.

J’ouvre le premier livre des Amours et j’y trouve :

Injuste amour ! fusil de toute rage !