Page:Marx - Contribution à la critique de l’économie politique.djvu/203

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Notre thésauriseur apparaît comme le martyre de la valeur d’échange, saint ascète juché sur le faîte de sa colonne de métal. Il ne se soucie de la richesse que sous la forme sociale, et c’est pourquoi il l’ensevelit et la dérobe à la société. Il recherche la marchandise sous la forme où elle peut toujours circuler, c’est pourquoi il la retire de la circulation. Il s’enthousiasme pour la valeur d’échange et c’est pourquoi il n’échange point. La forme fluide de la richesse et sa pétrification, l’élixir de vie et la pierre philosophale s’entremêlent dans une folle alchimie. Parce qu’il veut satisfaire tous les besoins sociaux, à peine s’il accorde à sa nature le nécessaire. Parce qu’il veut fixer la richesse dans sa corporéité métallique, elle se volatilise pour lui jusqu’à n’être plus qu’un pur fantôme cérébral. En fait, l’entas-

    sans être cordonnier, ou enfin de voiles et d’après quand il est étranger au commerce, on criera de toutes parts au fou, à l’insensé et ce n’est pas à tort. Mais ne leur ressemble-t-il pas, l’avare qui enfouit ses écus et son or, qui, sans savoir se servir des trésors qu’il accumule, se croirait sacrilège d’y toucher ?) Œuvres d’Horace. Traduction de la collection Panckoucke.

    M. Senior s’y entend mieux : « L’argent paraît être la seule chose dont le désir est universel, et il en est ainsi parce que l’argent est une richesse abstraite et parce que les hommes en la possédant peuvent satisfaire tous leurs besoins, de quelque nature qu’ils soient. » Principes fondamentaux de l’Écon. pol., traduit par le comte Jean Arrivabene, Paris, 1836, p. 221. Ou encore Storch : « Puisque l’argent représente toutes les richesses, il suffit de l’accumuler pour se procurer toutes les sortes de richesses existant dans le monde » (l. c., t. II, p. 134).